La saleté
À la campagne, Klaus et Lucas rencontrent une chose qu’ils ne
connaissaient pas avant : la saleté. Ils décrivent l’état de la
maison qu’ils habitent, la saleté de leur grand-mère et même qu’ils n’avaient
pas envie de manger là. Mais, pour pouvoir survivre, ils n’y font vite plus
attention. Ils essaient de rester propres en se baignant dans la rivière quand il
fait chaud et se lavent régulièrement les dents.
Tout de même, ils deviennent de plus en plus sales et n’ont plus de
vêtements propres (ceux qu’ils avaient sont déchirés et les habits propres que
leur avait donnés leur mère sont vendus par la grand-mère). Leur corps s’adapte
au nouvel environnement : leur peau brunit, la plante de leurs pieds durcit. Ils
sentent mauvais comme leur grand-mère.
La vie
que mènent Klaus et Lucas chez leur grand-mère est la description
d’un « déracinement » total (source : L’express) et
l’assimilation à un nouveau mode de vie, désagréable et pas du tout confortable
(« Nous sentons mauvais comme Grand-Mère » et cela ne leur fait plus
rien). Le chapitre "La saleté" est
important car dans ces deux pages le lecteur apprend comment les jumeaux
essayent, avec beaucoup de difficulté, de
garder le style de vie qu’il menaient en ville (se laver régulièrement
etc.) ; or ils réalisent que cela est impossible dans les conditions
qu’ils ont rencontrées chez leur grand-mère et se détachent en grande partie
de leur vie antérieure afin de s'immerger dans un nouveau style de vie dont le seul but est la survie. Klaus et Lucas sont obligés d’oublier leur
ancien quotidien pour être capables de s’habituer aux nouvelles circonstances.
Ce changement ne se passe pas seulement dans
leur esprit, mais aussi au niveau physique : « Notre peau brunit, nos
jambes et nos bras sont couverts d’écorchures, de coupures, de croûtes, de
piqûres d’insecte. »
En outre, ce chapitre fait allusion à l’avidité
de leur grand-mère. En effet la grand-mère vend toutes les affaires propres que les jumeaux reçoivent régulièrement de leur mère.
Exercice d’endurcissement du corps
Klaus et Lucas sont beaucoup frappés – et par leur grand-mère et par
d’autres gens. Ils ne supportent pas ces douleurs et commencent à pleurer. Alors,
ils décident de s’endurcir contre ces dernières en s’entraînant : ils se
battent, se coupent et versent de
l’alcool sur leurs plaies, se disent « ça ne fait pas mal ». Ils font
ainsi jusqu’au point où ils ne sentent plus rien (« C’est quelqu’un
d’autre qui se brûle, qui se coupe, qui souffre »). Ils se dépersonnalisent, s'étrangent.
Ayant acquiert cette ‘qualité’ d'impassibilité, ils provoquent
leur grand-mère en lui disant de plutôt frapper qu’insulter – en sorte qu’elle
les laisse tranquilles.
Ce chapitre renforce la recherche que poursuivent les
jumeaux afin de trouver leur nouvelle identité dans le but de survivre. Ils essaient de s’habituer à tout
ce qui les fait souffrir physiquement. Ce chapitre est important, car cet
endurcissement est essentiel pour les jumeaux – pour gérer et supporter le
chaud et le froid, les coups de pied, les gifles sans se sentir à chaque fois
inférieurs. Le fait qu’ils abandonnent leur ancienne identité par cet exercice
se trouve vers la fin du chapitre, décrit comme un dédoublement ou une dépersonnalisation : « C’est quelqu’un d’autre qui se
brûle, qui se coupe, qui souffre. »
L’ordonnance
Un soir, pendant que les enfants sont en train de s’endormir, une
ordonnance militaire rentre. Klaus et Lucas apprennent qu’il y a un capitaine
qui habite chez la grand-mère et, avec lui, une ordonnance. Cette ordonnance
s’étonne du fait que les jumeaux dorment sans couvertures, sur le banc de la
cuisine. Il apprend que les enfants ne veulent pas dormir dans la chambre de
leur Grand-Mère. Il parle approximativement la même langue que les jumeaux bien
qu’il vienne d’un autre pays – de ce pays qui combat, avec le pays des jumeaux,
leur ennemi commun.
À la fin du chapitre, il leur amène deux couvertures et leur dit de
faire attention à ce que leur grand-mère ne les vende pas – sans quoi il la
tuerait.
Dans ce chapitre on apprend pour la première
fois la présence des militaires chez la Grand-Mère, et c’est pour cela qu’il
est important. En outre, l’ordonnance traite les enfants avec plus d’amour que
ne l’avait fait leur grand-mère. Or, il devient clair que – même s’ils sont mal
traités – les jumeaux vivent mieux à la campagne qu'en ville :
« Ici, bien pour manger […] » ; « Grande
Ville, beaucoup danger. Boum ! Boum ! »
Exercice d’endurcissement de l’esprit
Chez leur grand-mère, les jumeaux sont très mal traités : d’un
côté, leur grand-mère les appelle « fils de chienne », et de l’autre
les gens les traitent de « fils de sorcière !, ou de fils de
pute ! ». Klaus et Lucas ne sont pas habitués à être insultés d’une
telle façon et à cause de cela ils décident de s’endurcir contre ces injures.
Ils commencent à se balancer des insultes à la figure jusqu’à ce qu’ils ne
réalisent même plus ce qu'elles signifient (« […] n’entrent
plus dans notre cerveau, n’entrent même plus dans nos oreilles. ») Ils
croient que cela va fonctionner, mais ils réalisent que « les mots anciens »
commencent à leur faire mal – ce sont les mots que leur a dits leur mère, des
mots câlins. Afin de perdre cette sensibilité envers ce souvenir de l’ancienne
vie, ils font la même chose en se disant « mes chéris ! Mes
amours ! Je vous aime… » afin que ces mots aussi perdent leur force. Leur subjectivité se retrouve ainsi insensible aux mots, qu'ils leur fassent du mal ou du bien, comme leur corps sont devenus insensibles aux duretés physiques.
Ce chapitre nous montre que Klaus et Lucas
n’arrivent pas tout à fait à oublier leur vie d’auparavant. Ils s’exercent en
se disant de gros mots afin de perdre leur sensibilité – ils ne veulent plus
« rougir ni trembler » lorsqu’ils entendent des tels mots. Cela
fait aussi partie de leur ‘vie pour survivre’. Cependant, les autres mots
(« les mots anciens »), que leur avait dits leur mère les rattrapent et
les blessent. A cause de cela, ils décident de s’endurcir de même contre ces
câlins qu'ils ont en mémoire.
Les mots perdent totalement leur
intensité ; la vie se concentre sur le fait de gagner de l’énergie pour
pouvoir survivre. Le quotidien des jumeaux est marqué d’un objectivisme qui est
très bien rendu dans ce chapitre.
L’école
À son début, ce chapitre décrit la discussion des parents de Klaus et
Lucas, quelques jours avant qu’ils ne commencent l’école. Le père veut
absolument que ses deux enfants qui font tout ensemble (« Ils pensent
ensemble, ils agissent ensemble ») soient séparés à l’école afin que
chacun d’eux ait sa propre vie. Leur mère, par contre, ne soutient pas cette
idée, parce qu’elle trouve qu’ils sont inséparables, qu’ils ne sont « qu’une
seule et même personne. » Quand l’école commence, les jumeaux sont inscrits dans des classes différentes ce qui les pousse à s’évanouir.
En conséquence, leur père les traite de simulateurs, mais, en revanche, ils
fréquenteront désormais la même classe.
L’école relève l’importance de l’union qui
existe entre Klaus et Lucas. Cette union les aidera à surmonter les difficultés
qu’ils rencontrent chez leur grand-mère, car ils peuvent tout faire ensemble, même se séparer, mais seulement s'ils le veulent eux-mêmes.
À la fin du livre, en effet, les jumeaux s'aident à abuser de leur père pour se séparer (ils le tuent).
En outre, ce chapitre aborde le fait que les
jumeaux sont très intelligents – ce qui est d’une importance majeure pour le
livre, car le lecteur est confronté à un nombre de situations où il reste
surpris de l’intelligence et de l’inventivité de Klaus et Lucas.
Interprétation(s)
Le
chapitre La saleté semble être le
dernier faisant partie de la description du nouvel environnement des jumeaux.
Le temps du récit est clairement majeur au temps de l’histoire, ce qui aboutit
au fait qu’il s’agit d’un récit descriptif. Le narrateur (représenté par
la voix commune de Klaus et Lucas) se trouve en position intradiégétique, ce
qui veut dire que le récit a lieu à l’intérieur du niveau spatio-temporel de
l’histoire. Il s’agit donc d’une narration simultanée.
À partir
du chapitre prochain (Exercice
d’endurcissement du corps), la description est interrompue en plusieurs
lieux et le lecteur se voit confronté à une expérience en temps réel.
Généralement, il s’agit de passages écrits au discours direct libre. (+ exemples!)
Il est
très intéressant de voir que ces cinq chapitres sont composés ou en
description, ou en récit réel ; nous ne trouvons pas d’élipses
En
dernier lieu, je fais remarquer que le chapitre L’école est à caractère particulier : c’est le seul chapitre qui
est écrit dans un chronotope différent aux autres : il se passe trois ans avant "l’espace spatio-temporel du récit" (cité selon Dr. A. de Francesco).
Cette publication m'a énormément aider pour ma dissertation!
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