Le film en bref
Nom du réalisateur : Luis Buñuel
Production : Luis Buñuel & Robert Dorfman
Année de sortie : 1970
Scénaristes : Luis Buñuel, Julio Alejandro
Adaptation : d’après le roman Tristana de Benito Pérez Galdós (paru en
1892)
Récompenses : Nomination aux Oscars en 1971 comme
Meilleur film en langue étrangère
Réception publique et critique : Le film a été bien
reçu et a rendu célèbre le roman de Benito Pérez Galdós qui, jusqu’à ce
moment-là, avait obtenu peu d’attention publique. Le film a été décrit comme
fascinant, vu qu’il nous prend, qu’il nous possède et qu’on n’arrive pas à s’en
rassasier. Cependant, ce n’est pas un film qui nous laisse tranquille, on
le décrit comme un poème noir, mais beau.
Choix
de deux séquences
Première séquence
C’est la scène où Tristana devient l’amante de Lope. J’ai
choisi cette séquence parce qu’elle nous montre comme Lope convertit Tristana
en son amante et parce qu’elle présente fort contraste avec la dernière scène
du film qui est ma deuxième séquence.
Deuxième séquence
C’est la dernière scène du film. Tristana prend la
décision de se libérer de Lope et le laisse mourir, ce qui fera d’elle son
héritière. Elle pourra vivre ainsi seule et économiquement indépendante. J’ai
choisi cette séquence parce qu’elle nous montre l’acte de libération de Tristana
qui, enfin, prend sa vie en main.
Résumé
et importance des séquences
Première séquence
Lors d’une promenade, Lope (il est important de savoir que Tristana (jeune) est
orpheline et Lope (âgé) est un ami de la famille et l’a accueillie chez lui
après la mort de ses parents) s’ouvre à Tristana de ses inquiétudes et lui dit qu’il
a parfois le sentiment qu’il la dégoûte. Elle lui répond qu’au contraire, qu’il
ne la dégoûte pas du tout. Alors il lui
demande si elle l’aime peut être un peu. Quand elle lui répond que oui,
il la tire derrière un pilier en béton et la prie
de l’embrasser. Tristana lui donne un bisou sur la joue, ce qu’il n’accepte pas,
lui disant qu’il ne veut pas l’embrasser comme ça. Il la rapproche vers lui et
l’embrasse sur la bouche. Par la suite, Tristana rit nerveusement. Ensuite, nous
changeons de lieu et voyons Saturna (servante de Lope) mouler le café. Lope
l’appelle et lui dit d’aller voir son frère sur-le-champ à qui elle voulait
rendre visite. Quand Saturna est partie, il entre dans la chambre où Tristana
est en train de repasser des vêtements. Il lui demande si elle a terminé son
travail et elle lui répond que non, qu’elle a encore du travail à faire. Il lui
dit de laisser le repassage et la prend dans ses bras. Quand Tristana exprime
l’inquiétude que Saturna pourrait revenir, Lope lui répond qu’elle ne reviendra
pas avant le dîner et ajoute qu’il serait temps que Saturna commence à s’y habituer.
Il l’embrasse puis l’emmène à sa chambre. Nous voyons comme Tristana commence à
se déshabiller et puis Lope ferme la porte.
C’est
une séquence très importante parce que c’est ici que Tristana passe de l’état
de « fille » de Lope à celui d’amante. Lope prend en charge Tristana
qui n’a plus personne quand il l’accueille. Il prend le rôle d’un père et Tristana,
elle aussi, le considère comme un père au commencement, c’est pour cette raison
qu’elle lui donne un bisou sur la joue quand il demande qu’elle l’embrasse.
Elle sent de l’affection pour lui, mais seulement dans un sens familial. Le
rire nerveux de Tristana nous montre qu’elle ne se sent pas à l’aise dans cette
situation, nouvelle pour elle qui n’a pas encore perdu son
« honneur » et qui est donc encore innocente. Lope est un
homme qui sait séduire les femmes (il en a
beaucoup séduit pendant sa jeunesse) et qui opte pour la liberté, ce qui revient selon lui à ne pas se marier et à vivre
l’amour librement. D’un côté, il ne ressent pas le besoin de cacher leur
« relation » devant Saturna, au contraire de Tristana qui craint que
Saturna s’en rende compte. Mais d’un autre
côté, Lope essaie de cacher cela devant la collectivité parce qu’il la tire
derrière un pilier en béton pour l’embrasser. Cette séquence nous montre aussi le
moment où Lope commence à soumettre Tristana. Elle est officiellement libre,
mais il commence à la contrôler. Quand elle fait connaissance d’un homme de son
âge, il aimerait lui défendre de sortir avec lui, ce qu’il n’obtiendra pas. Mais
il exerce quand même assez de pouvoir psychologique sur elle.
Deuxième séquence
Tristana se réveille parce que Lope l’appelle pendant
la nuit. On voit Lope souffrir et haleter qui est malade. Quand Tristana arrive
dans sa chambre, elle lui demande ce qu’il a et s’il se sent mal. Il répond qu’il
pense que c’est une crise pire que les autres et que c’est insupportable. Il la
prie d’appeler le médecin. Elle lui demande s’il se sent vraiment si mal que ça
et Lope lui répète d’appeler le médecin. Elle sort donc de la chambre et s’assoie
devant le téléphone. Elle hésite puis elle décide de ne pas appeler le médecin,
elle fait donc semblant d’appeler le docteur Miquis et puis elle raccroche le téléphone avec force pour renforcer
l’impression qu’elle l’a vraiment appelé. Ensuite elle retourne dans la chambre
de Lope pour lui dire que le docteur viendra bientôt. Lope ne répond plus,
étant donné qu’il est trop faible, mais on l’entend respirer doucement.
Tristana va ouvrir la fenêtre pour qu’elle soit grand ouverte. Plus tard, on la
voit revenir pour fermer la fenêtre. À cela, suit une sorte de flashback fait de séquences courtes qui
consistent en un choix de scènes qui remontent jusqu’au début du film :
Tristana qui secoue Lope, Tristana qui fait semblant de téléphoner au docteur
Miquis, Tristana qui se réveille parce qu’elle a eu un cauchemar où elle a vu
la tête de Lope pendre à la cloche de l’église, Tristana et Lope après leur
mariage, Tristana et Saturna qui se promènent pour visiter Saturno, le fils de cette
dernière, ce qui est la première scène du film. Et puis la fin s’affiche.
Cette
scène est très importante parce qu’elle montre la « libération » de
Tristana. Le moment où elle décide de ne pas appeler le docteur Miquis et
laisse ainsi mourir Lope qui est tombé malade signifie sa « libération ».
Comme déjà expliqué à propos de la première séquence, Tristana est
officiellement libre, mais Lope la contrôle quand même. Leur mariage signifie
pour Tristana qu’elle est liée à lui. Par contre, sa mort lui permet de se « libérer »,
de prendre enfin sa vie en main et de recommencer. Le mariage pour Tristana
pouvait être considéré comme une chance parce qu’elle a ainsi la possibilité unique
d’hériter de lui. Cela va lui permettre d’être indépendante économiquement, car
elle n’aura plus de soucis financiers étant veuve ce qui n’était pas le cas
avant le mariage avec Lope.
Explications/
interprétations/ recherches du film dans sa totalité
Explication I
Le film nous montre le sort de la femme à l’époque où le
livre Tristana, servant de base au
film, a été écrit. Puisque Tristana est une femme, ce n’est pas facile de
trouver un travail, elle ne peut, par conséquent, pas être économiquement indépendante.
Elle est d’abord dépendante de l’argent de ses parents, et quand ceux-ci
meurent, elle devient dépendante de l’argent de Lope. Comme ses parents ne lui
ont pas laissé de grand héritage, il lui est impossible de vivre
seule, vu qu’elle ne peut pas aller travailler pour les deux raisons suivantes :
premièrement, cela était mal vu à l’époque, car une femme devait rester à la
maison et s’occuper des travaux ménagers et, deuxièmement, elle n’a pas reçu d’éducation
suffisante pour exercer une profession. Elle va donc toujours dépendre de
quelqu’un, cela change cependant quand elle a la possibilité d’hériter de Lope.
Explication II
À un certain moment, Tristana fait connaissance d’un
jeune peintre nommé Horacio dont elle tombe amoureuse. Les deux ont une
relation ensemble, d’abord secrète, vu que Saturna avait dit à Horacio que
Tristana était mariée à Lope. Un jour Tristana lui avoue qu’elle est seulement
son amante et non pas son épouse. Elle continue à lui dire que c’est par Lope
qu’elle a perdu son innocence, ce qui à l’époque voulait dire perdre la
virginité. Horacio se fâche, ne veut plus lui parler et lui dit de s’en aller.
Quand elle a déjà ouvert la porte, il la retient et l’embrasse. Horacio est un
homme assez libéral pour cette époque, puisque la société considérait que la
femme devait préserver sa virginité jusqu’au mariage. Mais quand même, il nous
révèle avec sa réaction qu’il a de la peine avec cela. Ceci nous montre qu’il y
a une grande différence entre l’époque à laquelle cette histoire a été écrite et
la nôtre (nous nous référons ici à la société d’Europe Occidentale).
Aujourd’hui une femme ne doit plus se marier étant vierge, elle peut avoir
plusieurs relations sexuelles avant le mariage et elle peut travailler.
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