Agota Kristof – Le Grand
Cahier
Résumé de Rebekka M.
L’officier étranger
Les deux jumeaux
font leur exercice d’immobilité dans le jardin de la grand-mère. L’officier,
torse nu, essaie de parler avec eux – en vain, puisqu’ils ne le comprennent
pas. Avec l’ordonnance comme traducteur, l’officier demande pourquoi les
garçons ne bougent pas. Ils répondent qu’ils font leur exercice. L’officier dit qu’il s’est rendu compte que les jumeaux s’étaient battus avec une ceinture et
leur demande pourquoi ils l'ont fait. Ces derniers expliquent qu’ils ne
veulent plus rien sentir et vaincre la douleur. A ces mots, l’officier leur manifeste
son admiration. Après avoir obligé l’ordonnance de partir, l’officier
sourit aux enfants et les fait entrer dans la chambre. Les enfants s’asseyent
sur ses genoux et l’embrassent. L’officier est probablement excité sexuellement, puis il
se met, machinalement, dans le lit. Les garçons, ayant compris son regard,
commencent à le frapper avec une ceinture sur tout son corps jusqu’à ce qu’il
saigne et pousse un dernier cri. Puis, les enfants arrêtent la fustigation.
La langue étrangère
Les enfants
apprennent la langue étrangère par le biais d’un dictionnaire de l’officier.
Ainsi, l’ordonnance n’est plus obligée de traduire. Content, l’officier leur
donne un harmonica et, en plus ,la clé de sa chambre. Les enfants ont du
plaisir de profiter des délicatesses et de la propreté de la chambre. Ils
écoutent aussi l’hymne national du pays de l’officier. Contrairement à ce que
l’ordonnance avait prédit, l’officier, ayant trouvé les enfants endormi dans
son lit, se met au milieu d’eux et leur avoue son amour. Le matin suivant,
l’officier leur demande d’uriner sur son visage. Les garçons lui obéissent.
L’ami de l’officier
Parfois,
l’officier rentre avec un ami, plus jeune que lui. Un soir d’été, les garçons
s’occupent de la musique pendant que les deux autres mangent et boivent. L’ami
de l’officier déclare que les garçons l’énervent, surtout leur « air
sournois ». L’officier lui demande alors s’il est jaloux et lui dit qu’ils
le comprennent très bien. Pâle, l’ami de l’officier menace de s’en aller. On demande aux enfants de sortir et, par le trou du galetas, ils continuent à
observer la scène. L’ami, blessé, menace l’officier, de le tuer. L’officier
encourage son ami à le tuer et le provoque en avouant son amour homosexuel à
un homme mort. L’ami cesse de tirer sur lui et encourage l’officier de se tuer lui-même.
Or l’officier prend le revolver et l’appui sur sa tempe. Les garçons descendent
et demandent à l’ordonnance s’il se tue vraiment. Celui-ci leur assure qu’ils le
font toujours quand ils boivent. Après être rentré dans la chambre, les
garçons lui proposent de le tuer, mais l’officier refuse en disant que ce n’était
qu’une blague. En s’apercevant de l’ordonnance, qui est toujours là, l’officier
lui demande « de foutre le camps ».
Notre premier spectacle
De la servante, les
garçons apprennent des chansons de guerre. Un soir, ils vont en ville avec
leur harmonica. Ils vont dans une buvette où il y a beaucoup de
gens. L’un des garçons commence à jouer la chanson sur l’instrument et l’autre
chante. Il s’agit d’une chanson où il est question d’une femme qui attend son
mari parti à la guerre. La chanson finie, les garçons s’aperçoivent « des
visages fatigués et creux ». Ils sont encouragés à continuer leur jeu. Ce faisant, un homme leur enjoigne d’arrêter. Quelqu’un le juge sourd, un autre
dit qu’il est complètement fou, un autre encore dit qu’il est "revenu". D’autres voix
disent qu’ils sont revenus, mais ils sont revenus paralysés, traumatisés. Ils
se plaignent de ne pas être morts. Une femme hausse le ton et proclame qu’ils "ne sont
jamais contents". Un débat se noue sur la question de la guerre et de qui la
voulait. Un vieillard dit que « personne ne voulait cette guerre. »
Les enfants s’en vont.
Le développement de nos spectacles
Les garçons
apprennent le jonglage et inventent des tours de prestidigitation et
s’exercent à l’acrobatie. Ils se
travestissent en clowns et s’installent sur la place du marché. En faisant du
bruit avec l’harmonica, ils attirent les spectateurs. Avec leur « show » ils gagnent
quelque argent, qui leur permet d’aller dans les bistrots le soir.
Bientôt ils connaissent tous les bistrots de la ville et ils s’habituent à
l’alcool et aux cigarettes. Les garçons remportent un grand succès avec leur
divertissement.
Pourquoi ces chapitres sont-ils important ?
Le personnage de
l’officier révèle, de nouveau, la cruaté que les gens aspirent dans la
guerre : Ils ont besoin de ne plus rien sentir et de devenir crus. La perte de toute estime
de soi-même et la perte du sens de la vie se reflète dans ce caractère de
l’officier. En outre, on a l’impression que les gens ne trouvent ce sens que
dans l’alcool. La tristesse et le désespoir semble être le fil rouge dans ces
chapitres. Néanmoins, les chapitres sur leur spectacle représentent le désir des
gens de se divertir. On apprend que les jumeaux seraient capables de tuer un
être humain. Encore une fois, on reconnaît que les jumeaux sont fortement
guidés par leur curiosité. Les garçons semblent plus matures puisqu’ils se
comportent comme des adultes.
Interprétation des chapitres
Les chapitres éclairent
les abîmes profonds et obscurs de l’être humain dans des circonstances
exceptionnelles comme la guerre. Les jumeaux n’ont plus peur de la mort,
ils reconnaissent qu’ils peuvent rendre un service aux gens en les proposant de
les tuer, comme dans le cas de l’officier. Cet évènement prélude non seulement au sort de la mère de "bec-de-lièvre" plus tard, mail il signale aussi la perte totale de l’espoir de
vie. Le style d’Agota Kristof décrit de manière machinale les processus de
cette perte et ouvre sur le sentiment de l’indifférence complète qui devient de
plus en plus fort. Rien ne choque plus, tout peut se passer puisque rien n’est
plus sûr. Tout de même, les garçons s’aperçoivent d’un désir humain de
divertissement et de distraction qu’ils assouvissent en chantant et en jouant dans
les rues et dans les bistrots. Bien que leurs raisons pour cela ne soient pas
explicitées, on a l’impression que les jumeaux sont poussés par l'intuition à rendre un service aux gens, d'une façon ou d'une autre.
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