mardi 22 octobre 2013

"Le Grand Cahier" - Agota Kristof résumé et interprétation par Rebekka M. version révisée

Agota Kristof – Le Grand Cahier    
Résumé de Rebekka M.


L’officier étranger

Les deux jumeaux font leur exercice d’immobilité dans le jardin de la grand-mère. L’officier, torse nu, essaie de parler avec eux – en vain, puisqu’ils ne le comprennent pas. Avec l’ordonnance comme traducteur, l’officier demande pourquoi les garçons ne bougent pas. Ils répondent qu’ils font leur exercice. L’officier dit qu’il s’est rendu compte que les jumeaux s’étaient battus avec une ceinture et leur demande pourquoi ils l'ont fait. Ces derniers expliquent qu’ils ne veulent plus rien sentir et vaincre la douleur. A ces mots, l’officier leur manifeste son admiration. Après avoir obligé l’ordonnance de partir, l’officier sourit aux enfants et les fait entrer dans la chambre. Les enfants s’asseyent sur ses genoux et l’embrassent. L’officier est probablement excité sexuellement, puis il se met, machinalement, dans le lit. Les garçons, ayant compris son regard, commencent à le frapper avec une ceinture sur tout son corps jusqu’à ce qu’il saigne et pousse un dernier cri. Puis, les enfants arrêtent la fustigation.

La langue étrangère

Les enfants apprennent la langue étrangère par le biais d’un dictionnaire de l’officier. Ainsi, l’ordonnance n’est plus obligée de traduire. Content, l’officier leur donne un harmonica et, en plus ,la clé de sa chambre. Les enfants ont du plaisir de profiter des délicatesses et de la propreté de la chambre. Ils écoutent aussi l’hymne national du pays de l’officier. Contrairement à ce que l’ordonnance avait prédit, l’officier, ayant trouvé les enfants endormi dans son lit, se met au milieu d’eux et leur avoue son amour. Le matin suivant, l’officier leur demande d’uriner sur son visage. Les garçons lui obéissent.

L’ami de l’officier

Parfois, l’officier rentre avec un ami, plus jeune que lui. Un soir d’été, les garçons s’occupent de la musique pendant que les deux autres mangent et boivent. L’ami de l’officier déclare que les garçons l’énervent, surtout leur « air sournois ». L’officier lui demande alors s’il est jaloux et lui dit qu’ils le comprennent très bien. Pâle, l’ami de l’officier menace de s’en aller. On demande aux enfants de sortir et, par le trou du galetas, ils continuent à observer la scène. L’ami, blessé, menace l’officier, de le tuer. L’officier encourage son ami à le tuer et le provoque en avouant son amour homosexuel à un homme mort. L’ami cesse de tirer sur lui et encourage l’officier de se tuer lui-même. Or l’officier prend le revolver et l’appui sur sa tempe. Les garçons descendent et demandent à l’ordonnance s’il se tue vraiment. Celui-ci leur assure qu’ils le font toujours quand ils boivent. Après être rentré dans la chambre, les garçons lui proposent de le tuer, mais l’officier refuse en disant que ce n’était qu’une blague. En s’apercevant de l’ordonnance, qui est toujours là, l’officier lui demande « de foutre le camps ».

Notre premier spectacle

De la servante, les garçons apprennent des chansons de guerre. Un soir, ils vont en ville avec leur harmonica. Ils vont dans une buvette où il y a beaucoup de gens. L’un des garçons commence à jouer la chanson sur l’instrument et l’autre chante. Il s’agit d’une chanson où il est question d’une femme qui attend son mari parti à la guerre. La chanson finie, les garçons s’aperçoivent « des visages fatigués et creux ». Ils sont encouragés à continuer leur jeu. Ce faisant, un homme leur enjoigne d’arrêter. Quelqu’un le juge sourd, un autre dit qu’il est complètement fou, un autre encore dit qu’il est "revenu". D’autres voix disent qu’ils sont revenus, mais ils sont revenus paralysés, traumatisés. Ils se plaignent de ne pas être morts. Une femme hausse le ton et proclame qu’ils "ne sont jamais contents". Un débat se noue sur la question de la guerre et de qui la voulait. Un vieillard dit que « personne ne voulait cette guerre. » Les enfants s’en vont.

Le développement de nos spectacles

Les garçons apprennent le jonglage et inventent des tours de prestidigitation et s’exercent à l’acrobatie.  Ils se travestissent en clowns et s’installent sur la place du marché. En faisant du bruit avec l’harmonica, ils attirent les spectateurs.  Avec leur « show » ils gagnent quelque argent, qui leur permet d’aller dans les bistrots le soir. Bientôt ils connaissent tous les bistrots de la ville et ils s’habituent à l’alcool et aux cigarettes. Les garçons remportent un grand succès avec leur divertissement.

Pourquoi ces chapitres sont-ils important ?

Le personnage de l’officier révèle, de nouveau, la cruaté que les gens aspirent dans la guerre : Ils ont besoin de ne plus rien sentir et de devenir crus. La perte de toute estime de soi-même et la perte du sens de la vie se reflète dans ce caractère de l’officier. En outre, on a l’impression que les gens ne trouvent ce sens que dans l’alcool. La tristesse et le désespoir semble être le fil rouge dans ces chapitres. Néanmoins, les chapitres sur leur spectacle représentent le désir des gens de se divertir. On apprend que les jumeaux seraient capables de tuer un être humain. Encore une fois, on reconnaît que les jumeaux sont fortement guidés par leur curiosité. Les garçons semblent plus matures puisqu’ils se comportent comme des adultes.

Interprétation des chapitres

Les chapitres éclairent les abîmes profonds et obscurs de l’être humain dans des circonstances exceptionnelles comme la guerre. Les jumeaux n’ont plus peur de la mort, ils reconnaissent qu’ils peuvent rendre un service aux gens en les proposant de les tuer, comme dans le cas de l’officier. Cet évènement prélude non seulement au sort de la mère de "bec-de-lièvre" plus tard, mail il signale aussi la perte totale de l’espoir de vie. Le style d’Agota Kristof décrit de manière machinale les processus de cette perte et ouvre sur le sentiment de l’indifférence complète qui devient de plus en plus fort. Rien ne choque plus, tout peut se passer puisque rien n’est plus sûr. Tout de même, les garçons s’aperçoivent d’un désir humain de divertissement et de distraction qu’ils assouvissent en chantant et en jouant dans les rues et dans les bistrots. Bien que leurs raisons pour cela ne soient pas explicitées, on a l’impression que les jumeaux sont poussés par l'intuition à rendre un service aux gens, d'une façon ou d'une autre.

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