mercredi 20 novembre 2013

La Haine par Hugo Baudelaire version révisée


"La Haine"

Nom du réalisateur : Mathieu Kassovitz (qui est aussi un acteur et il a joué Nino dans « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain » (2001)
Scénariste : Mathieu Kassovitz (photo)
Production : Christophe Rossignon pour Lazannev Productions, la Sept Cinéma, StudioCanal et Kasso inc. Productions
Année de sortie : 1995
Précisions : C’est un film en noir et blanc. Il est interdit aux moins de 12 ans. Le film avait un budget de 2.59 millions d’euros. 
Durée : 95 minutes.

Acteurs principaux : (de gauche à droite) : Vincent Cassel, Said Taghmaoui, Hubert Koundé 



Récompenses :
Festival de Cannes 1995 : prix de la mise en scène
César du meilleur film
César du meilleur producteur : Christophe Rossignon
César du meilleur montage : Mathieu Kassovitz, Scott Stevenson

Réception publique et critique[1]

Critique 1 : WarzazateVLC écrit : «Encore un film qui […] est toujours valable aujourd’hui. […] Les acteurs principaux sont excellents, en particulier Vincent Cassel, c’est drôle de le voir en banlieusard […] La mise en scène, primée à Cannes, est magnifique, osée et originale […] Le noir et blanc permet d’enjoliver la cité. Bref, un grand film du cinéma français.»
Critique 2 : heathledgerdu67 écrit: «Le chef d’œuvre en noir et blanc de Matthieu Kassovitz sur la banlieue avec Vincent Cassel, des clins d’œil à Taxi Driver, Scarface, aux Inconnus […] »
Critique 3 : Kalie écrit : « Filmer la banlieue, c’est facile. Il suffit de regarder les actualités. Mais réaliser un film de qualité sur la banlieue, là, c’est une autre histoire ! […]La photographie en noir et blanc convient parfaitement au contexte. […] Les virées hors de leur cité montrent le fossé qui les sépare de la jeunesse des beaux quartiers. Le dénouement est malheureusement inéluctable. C’est un film qui allie réalisme et qualité cinématographique. […] »
Critique 4 : g-nad écrit : «[C]e film ne laisse pas indifférent, avec un sujet intéressant […] et un « message » sur la spirale de la violence qui est plutôt pertinant [sic !]. Voilà pour les éloges. Maintenant, deux choses m’ont particulièrement énervée dans ce film : d’abord, le personnage joué par Cassel, tête à claques au possible […] La deuxième chose que je n’ai pas supporté, c’est le maniérisme de Kassovitz. Sa façon de filmer m’a donné l’impression de dire toutes les deux minutes « Regardez comme je fais une belle image! » […] c’est tout de même un film réussi. […]»

Choix de deux séquences

Première séquence
Cette scène se trouve dans le premier tiers du film. On est déjà introduit à la vie de banlieue et on connait l’histoire des émeutes. Vinz, le juif, se trouve dans la salle de bain dans son petit appartement où habite toute sa famille. J’ai choisi cette scène parce qu’elle amorce non seulement le fil rouge du film, c’est-à-dire la violence, mais aussi la problématique de Vinz lui-même, soit la volonté de se venger. Cette scène annonce aussi la fin tragique de Vinz, sa mort.

Deuxième séquence
Cette séquence se situe à peu près au le milieu du film, au moment de l’arrivée des copains à Paris. J’ai choisi cette scène, car elle reste une énigme bien qu’elle ouvre sur des différentes possibilités d’interprétation. En outre, cette scène marque une des moments comiques et inattendus, voire absurdes du film. Pourquoi ce monsieur entre-t-il en scène ? Quel est la fonction de son histoire?




Résumé et importance des séquences.

Première séquence

Cette scène mêle la thématique sérieuse de la violence avec le comique du quotidien. Vinz se trouve devant le miroir et agit comme si un policier où un banlieusard d’une groupe ennemi s’adresse à lui. Il s’exerce à faire des gestes et les mimiques censés lui permettre de se faire respecter par les autres. Il essaie de ridiculiser l’autre partie en se comportant comme une personne supérieure. Dans ce moment, on reconnaît la haine, qui s'enflamme dans le personnage de Vinz caressant l’idée de tuer un policier pour se venger dans le cas où son ami Abdul, qui se trouve dans le coma en raison des émeutes qui ont eu lieu dans la banlieue récemment qu'ils habitent, mourait.
Or ma thèse est que cette séquence annonce la mort de Vinz ce même jour et mérite donc d’être considérée comme scène-clé. Pendant toutes les vingt-quatre heures qui dure l’histoire, Vinz ressent des sentiments de vengeance et manifeste une propension à l’usage de la violence (cf. surtout la scène avec le skin). A plusieurs reprises du film Vinz est mis à l’épreuve. Finalement, il renonce à l’usage de la violence, bien que son ami soit mort. Mais la haine qu'il produit pendant toute la journée fait qu’il est tué à un moment heureux. Car en ressentant de la haine, il l'attire. Cette scène de miroir illustre le fait qu’il devient, au fur et à mesure, sa propre victime. Il y a donc un message fortement morale, voire métaphysique dans cette séquence.

Deuxième séquence

Les trois copains sont arrivés à Paris, après l’incident où Vinz dégaine son pistolet dans une confrontation avec un policier. Heureusement, Hubert a pu régler l'affaire sans violence et les banlieusards s’enfuient.  Dans une salle de bain à Paris, Vinz et Hubert se disputent sur la question de l’usage de la violence. Hubert avertit Vinz que « la haine attire la haine », il déconseille à Vinz donc d’user de la violence. Néanmoins, Vinz n’est pas persuadé. Pendant cette discussion à haute voix, un petit homme juif entre sur scène. Alors qu'il était assis sur les toilettes pendant la discussion, il est témoin du débat. A l'aise après avoir satisfait son besoin, le juif leur raconte l’histoire de son copain, Grunwaldski. C’était un copain juif qui se trouvait dans le même wagon à béstiaux lors de la Deuxième Guerre mondiale. Pendant le voyage en train, les prisonniers n’avaient la possibilité de faire leur toilette que pendant un court arrêt. Grunwaldski ayant honte de faire ses besoins devant les autres, a préféré de s’éloigner un peu – une décision ayant des conséquences fatales : Il manque le train et meurt de froid.
Ce qui me semble fortement intéressant est que le petit monsieur juif introduit l’histoire en disant : « Vous croyez en Dieu ? Il ne faut pas demander si on croit en Dieu, mais si Dieu croit en nous. » Cette question me penche sur l’hypothèse que l’homme raconte cette histoire afin de les faire comprendre qu’il ne faut jamais user de la violence. Ce sera donc, en quelque sorte, une leçon de morale. Ce qui renforce cette hypothèse est la mise en scène: Le petit monsieur se trouve pendant son monologue entre les deux rivaux du moment, Vinz et Hubert. Il sera la troisième partie, qui entre en scène dans un moment de désaccord et de désespoir de la part de Hubert. La sortie du monsieur, dont le nom est inconnu, est marqué par un « au revoir» adressé aux deux copains. Ceci semble vouloir dire « retenez bien ce que je vous ai raconté.» En outre, il faut remarquer que Vinz et le monsieur sont juifs tous les deux et que cette leçon morale ne peut que toucher le premier. 

Explications/ interprétations et critique personnelle du film dans sa totalité

Explication 1 : «La Haine» montre la réalité morne de trois jeunes hommes : ce sont un Juif, un Arabe et un Noir, qui habitent dans une banlieue de Paris. La banlieue est occupée par des habitants de toutes ethnies qui sont séparées du reste de la société parisienne. Pendant vingt-quatre heures, on assiste aux vies de trois amis qui s’appellent Hubert, le noir, Saïd, l’arabe, et Vinz, le juif. Dès le début, on apprend qu’il y a eu une émeute la nuit précédente. Durant ces combats de rue, un de leur amis, Abdel, est tombé dans le coma et pendant l'émeute, un des policiers a perdu son revolver que Vinz empoche juste après. Il annonce qu’il tuera un policier si leur copain meurt. Dès le commencement du film, on reconnaît l’importance de la violence : celle-ci est une partie intégrante de la vie dans la banlieue et le sujet omniscient de ce film. Mais quand les trois hommes vont à Paris, ils ne retrouvent ni de violence, ni de pauvreté. Abstraction faite de trois scènes (Vinz la scène devant le club, où il assiste à un meurtre, la scène avec le skin et la mort finale de Vinz), la violence ne les choque pas, ils ont l’habitude de la voir.

Explication 2 : La banlieue est pour les habitants de Paris (ou voire du reste de la France), un objet de consommation, la vie dans les banlieues est un spectacle exhibitionniste pour la société. Kassovitz illustre cette idée aussi dans une scène avec une journaliste et un caméraman qui essayent de parler avec les trois amis : La journaliste et le caméraman ne sortent pas de la voiture. Ainsi, on a l’impression que les gens de la ville considèrent la banlieue comme un zoo. 
Interprétation : En se concentrant sur la banlieue, le film met en scène un espace, qui est normalement ignoré dans l’image propre de la « Grande Nation ».  Avec celle-ci on associe plutôt des images de beaux monuments, de l’art et de l’amour. Au contraire : Les bâtiments de la banlieue sont très hauts, la vie dans ces appartements est claustrophobique et les gens, de toutes ethnics, vivent comme dans une prison. Vinz partage une chambre avec sa sœur, et la salle à manger est trop petite pour sa famille. On reconnaît des parallèles avec Hubert, dont la cuisine est toute petite. Ce cadre suggère l’extrême pauvreté des habitants. Ce niveau de pauvreté existe à Paris certainement aussi, mais le films nous présente que des rues propres et un appartement luxueux. La tristesse de la banlieue est accentuée par le montage: le film est en noir et blanc, cela crée non seulement l’effet d’un documentaire, mais aussi de la tristesse. En outre, le style souligne le racisme avec l’image tranchante entre noir et blanc.

Critique personnelle : Il faut faire attention à ne pas considérer le film comme image réel de la vie dans les banlieues de Paris. Pourquoi ?
Un des grands problème est qu’au lieu de présenter une analyse sociale qui nous propose des solutions, Kassovitz ne suscite que l’empathie du public. En outre, je crois que les problèmes sociaux et politiques entourant l’immigration en France, sont plus complexes. La Haine ne montre que les jeunes, livrés aux policiers malfaisants. Malheureusement, Kassovitz pénètre à peine la surface du problème réel. Cependant il faut dire que les banlieues n’avaient pas leur pace dans dans l'identité française ou le cinéma français avant cette production.


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