Le film en bref
Nom du réalisateur : Jean-Luc
Godard
Production: Compagnia Cinematografica
(Italie), Les Films Concordia (France), Rome Paris Films (France)
Année de sortie : 1965
Scénariste : Jean-Luc Godard
Adaptation : D’après le roman
« Le mépris » d’Alberto Moravia
Récompenses : aucune
Réception publique et critique: « Le
mépris » n’a pas reçu de prix, ni eu beaucoup de
succès en ce qui concerne les entrées aux cinémas; cependant c’est un film
assez apprécié par le public. Voici un extrait d’une critique de Jean-Louis
Bory: « Je ne sais dans quelles conditions le tournage a eu
lieu ni si Bardot et Godard se sont bien entendus. Le résultat est là : il
y a rarement eu entente aussi profonde (consciente ou non — consciente, je
suppose, chez Godard) entre une actrice et son metteur en scène. »
Choix de deux séquences
Première séquence
Cette première séquence se trouve plus
ou moins au milieu du film; Paul, le scénariste du film qu’on est en train de
tourner à Capri, veut parler avec sa femme Camille, parce qu’il sent qu’il y
a eu des problèmes dans leur relation dès qu’ils sont à Capri.
J’ai choisi cette séquence parce qu’elle
est très centrale pour l’action du film: c’est le moment ou Paul
et Camille discutent finalement de leurs problèmes que le spectateur ressent déjà depuis
longtemps, mais desquels les protagonistes n’ont jusque-là pas encore vraiment
parlés. En outre, cette scène est assez spéciale en ce qui concerne le montage
et d’autres détails dans la manière dont Godard a fait ce film et ce sont
donc ces choses techniques que j’aimerais comparer à la deuxième scène que j’ai
choisie.
Deuxième séquence
Après que Camille et le producteur
Jeremy Prokosch, qui ont voulu partir ensemble, sont morts en route pour Rome,
Paul ne veut plus finir le film et il part. Cette séquence commence par le
départ de Paul, disant au revoir à monsieur Lang, qui finira seul le film duquel Paul
aurait dû être le scénariste.
J’ai choisi cette séquence parce qu’elle
est faite de manière très différente comparée à la première et parce qu’ici on
voit vraiment ce méta niveau du « film dans le film » qui n’est pas
visible du tout dans la première séquence.
Résumé et importance
des séquences
Première séquence
Paul annonce à Camille : « il
faut que je te parle » et le répète encore une fois ; ainsi le
spectateur comprend que Paul trouve vraiment important de parler avec
Camille sur leur relation, ce qu’ils ont évité jusque-là. Il devient clair que
cette relation est très importante pour Paul et qu’il ne ferait ce travail de
scénariste à Capri que pour Camille, qui lui annonce au cours de cette séquence
qu’elle ne l’aime plus, sans qu’elle puisse l’expliquer. Elle ne trouve pas
d’explication à ses sentiments et ne veut plus en parler.
Au niveau du contenu, cette
scène est importante, parce qu’on s’y trouve face à un essai de Paul de sauver
sa relation avec Camille qui joue un rôle-clé pour l’action entière. À la fin
de cette séquence, il est clair que cette relation ne fonctionne plus. Pour
comparer cette séquence à la deuxième, je me concentrerais plutôt sur la façon
d’exposer cette scène : Pendant deux minutes et demie, il n’y a pas de
coupe, les mouvements de la caméra sont assez lents, mais quand même il y a un certain suspense dans cette scène. En
outre, la caméra qui ne tourne qu'entre Paul et Camille et le mur qui se trouve immédiatement derrière le couple parlant produisent l’impression qu’on se trouve dans un lieu très limité et
clos.
Deuxième séquence
Cette séquence commence par Paul qui
rencontre Francesca, l’assistante du producteur Jeremy Prokosch, qui est en
train de lire l’annonce de l’accident au cours duquel Camille et Prokosch sont
morts. À cause de ces événements, Paul veut partir, bien qu’il n’ait pas fini le
film. Il se rend donc une dernière fois sur le lieu de tournage pour dire au
revoir à Fritz Lang, qui finira le film lui-même, tandis que Paul veut rentrer
à Rome pour finir sa pièce de théâtre. La séquence, qui est la toute dernière
du film entier, se termine par le tournage de la scène où Ulysse revoit sa
patrie.
Par rapport à la première
séquence, la deuxième est d'une facture très différente. Les images sont
très impressionnantes, surtout quand on voit Paul monter les escaliers sur le toit
de la villa ou à la fin, quand on ne voit qu’Ulysse et la mer bleue. Bien qu’il
y ait aussi très peu de coupes, le lieu paraît être beaucoup plus vaste grâce aux images où les protagonistes sont montrés devant un arrière-plan ouverte. C’est la coulisse
du film « Le mépris » que le spectateur est en train de regarder
et, en même temps, celle du film sur Ulysse, que l’équipe autour de Fritz Lang tourne à
Capri, c’est-à-dire qu’ici, à la fin du film, comme au commencement, Godard
montre encore une fois très clairement ce méta-niveau du « film dans le
film ».
Explications/
interprétations/ recherches du film dans sa totalité
Interprétation du film « Le
Mépris » à partir de « L’Odyssée »
L’histoire à partir de laquelle l’équipe
dans « Le Mépris » est en train de réaliser un film est celle de
l’Odyssée, qu’on pourrait comparer à celle que Godard montre aux
spectateurs : Paul pourrait représenter Ulysse errant, qui ne sait pas
ce qu’il doit faire pour regagner son épouse Pénélope, représentée par Camille.
Le rival de Paul est le producteur Jeremy Prokosch, qui ressemble donc à
Neptune, l’adversaire d’Ulysse.
Explication du « film dans le film »
Godard va même plus loin en ce qui
concerne ce méta-niveau du film: Il adapte l’histoire d’Ulysse aux protagonistes
du «Mépris », il fait participer les spectateurs au procès de la
production d’un film et il introduit avec Fritz Lang un personnage réel du
monde des films. Fritz Lang était vraiment un réalisateur autrichien, comme le
personnage qu’il joue dans «Le mépris » ; Godard n’a donc même pas
changé le nom du personnage pour jouer avec ce niveau du « film dans le
film ». Il est très intéressant de savoir que Lang a mis en scène lui-même
les séquences où il apparaît dans le film.
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