mercredi 27 novembre 2013

Le Mépris par Céline H. (version révisée)

Le film en bref
Nom du réalisateur : Jean-Luc Godard
Production: Compagnia Cinematografica (Italie), Les Films Concordia (France), Rome Paris Films (France)
Année de sortie : 1965
Scénariste : Jean-Luc Godard
Adaptation : D’après le roman « Le mépris » d’Alberto Moravia
Récompenses : aucune
Réception publique et critique: « Le mépris » n’a pas reçu de prix, ni eu beaucoup de succès en ce qui concerne les entrées aux cinémas; cependant c’est un film assez apprécié par le public. Voici un extrait d’une critique de Jean-Louis Bory: « Je ne sais dans quelles conditions le tournage a eu lieu ni si Bardot et Godard se sont bien entendus. Le résultat est là : il y a rarement eu entente aussi profonde (consciente ou non — consciente, je suppose, chez Godard) entre une actrice et son metteur en scène. »

Choix de deux séquences
Première séquence
Cette première séquence se trouve plus ou moins au milieu du film; Paul, le scénariste du film qu’on est en train de tourner à Capri, veut parler avec sa femme Camille, parce qu’il sent qu’il y a eu des problèmes dans leur relation dès qu’ils sont à Capri.

J’ai choisi cette séquence parce qu’elle est très centrale pour l’action du film: c’est le moment ou Paul et Camille discutent finalement de leurs problèmes que le spectateur ressent déjà depuis longtemps, mais desquels les protagonistes n’ont jusque-là pas encore vraiment parlés. En outre, cette scène est assez spéciale en ce qui concerne le montage et d’autres détails dans la manière dont Godard a fait ce film et ce sont donc ces choses techniques que j’aimerais comparer à la deuxième scène que j’ai choisie.

Deuxième séquence
Après que Camille et le producteur Jeremy Prokosch, qui ont voulu partir ensemble, sont morts en route pour Rome, Paul ne veut plus finir le film et il part. Cette séquence commence par le départ de Paul, disant au revoir à monsieur Lang, qui finira seul le film duquel Paul aurait dû être le scénariste.

J’ai choisi cette séquence parce qu’elle est faite de manière très différente comparée à la première et parce qu’ici on voit vraiment ce méta niveau du « film dans le film » qui n’est pas visible du tout dans la première séquence.

Résumé et importance des séquences
Première séquence
Paul annonce à Camille : « il faut que je te parle » et le répète encore une fois ; ainsi le spectateur comprend que Paul trouve vraiment important de parler avec Camille sur leur relation, ce qu’ils ont évité jusque-là. Il devient clair que cette relation est très importante pour Paul et qu’il ne ferait ce travail de scénariste à Capri que pour Camille, qui lui annonce au cours de cette séquence qu’elle ne l’aime plus, sans qu’elle puisse l’expliquer. Elle ne trouve pas d’explication à ses sentiments et ne veut plus en parler.

Au niveau du contenu, cette scène est importante, parce qu’on s’y trouve face à un essai de Paul de sauver sa relation avec Camille qui joue un rôle-clé pour l’action entière. À la fin de cette séquence, il est clair que cette relation ne fonctionne plus. Pour comparer cette séquence à la deuxième, je me concentrerais plutôt sur la façon d’exposer cette scène : Pendant deux minutes et demie, il n’y a pas de coupe, les mouvements de la caméra sont assez lents, mais quand même il y a un certain suspense dans cette scène. En outre, la caméra qui ne tourne qu'entre Paul et Camille et le mur qui se trouve immédiatement derrière le couple parlant produisent l’impression qu’on se trouve dans un lieu très limité et clos.


Deuxième séquence
Cette séquence commence par Paul qui rencontre Francesca, l’assistante du producteur Jeremy Prokosch, qui est en train de lire l’annonce de l’accident au cours duquel Camille et Prokosch sont morts. À cause de ces événements, Paul veut partir, bien qu’il n’ait pas fini le film. Il se rend donc une dernière fois sur le lieu de tournage pour dire au revoir à Fritz Lang, qui finira le film lui-même, tandis que Paul veut rentrer à Rome pour finir sa pièce de théâtre. La séquence, qui est la toute dernière du film entier, se termine par le tournage de la scène où Ulysse revoit sa patrie.

Par rapport à la première séquence, la deuxième est d'une facture très différente. Les images sont très impressionnantes, surtout quand on voit Paul monter les escaliers sur le toit de la villa ou à la fin, quand on ne voit qu’Ulysse et la mer bleue. Bien qu’il y ait aussi très peu de coupes, le lieu paraît être beaucoup plus vaste grâce aux images où les protagonistes sont montrés devant un arrière-plan ouverte. C’est la coulisse du film « Le mépris » que le spectateur est en train de regarder et, en même temps, celle du film sur Ulysse, que l’équipe autour de Fritz Lang tourne à Capri, c’est-à-dire qu’ici, à la fin du film, comme au commencement, Godard montre encore une fois très clairement ce méta-niveau du « film dans le film ».

Explications/ interprétations/ recherches du film dans sa totalité
Interprétation du film « Le Mépris » à partir de « L’Odyssée »
L’histoire à partir de laquelle l’équipe dans « Le Mépris » est en train de réaliser un film est celle de l’Odyssée, qu’on pourrait comparer à celle que Godard montre aux spectateurs : Paul pourrait représenter Ulysse errant, qui ne sait pas ce qu’il doit faire pour regagner son épouse Pénélope, représentée par Camille. Le rival de Paul est le producteur Jeremy Prokosch, qui ressemble donc à Neptune, l’adversaire d’Ulysse.

Explication  du « film dans le film »

Godard va même plus loin en ce qui concerne ce méta-niveau du film: Il adapte l’histoire d’Ulysse aux protagonistes du «Mépris », il fait participer les spectateurs au procès de la production d’un film et il introduit avec Fritz Lang un personnage réel du monde des films. Fritz Lang était vraiment un réalisateur autrichien, comme le personnage qu’il joue dans «Le mépris » ; Godard n’a donc même pas changé le nom du personnage pour jouer avec ce niveau du « film dans le film ». Il est très intéressant de savoir que Lang a mis en scène lui-même les séquences où il apparaît dans le film.

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