Synthèse
C’est une interview de la série suisse romande
« 120 secondes » du novembre 2011, où l’animateur radio Vincent
Veillon prétend interviewer le porte-parole de la chambre de commerce et de
l’industrie de Saint Gall – Appenzell, qu’ils nomment Hugo Rüesch. Ensemble,
ils veulent discuter de la proposition de cette chambre selon laquelle tous les
étudiants devraient payer les frais réels de leur formation universitaire. Le
but de cette interview est d’amuser les auditeurs - et les spectateurs, puis que les interviews de « 120 secondes » sont toujours aussi filmées. Il ne
s’agit donc pas d’une discussion « réelle », sérieuse, où le contenu
est la chose la plus importante, mais d’une parodie des gens qui ont fait cette
proposition. Pour compléter cette parodie, le comédien qui joue le rôle de Hugo
Rüesch s’amuse à intégrer beaucoup de fautes grammaticales et de prononciation
pour se moquer des suisse-allemands.
J’ai
choisi cette interview, d’un côté parce que je la trouve fort amusante et parce
que je pense que le sujet duquel ils discutent est quand même assez
intéressant, même s’ils n’en parlent pas très sérieusement, et de l’autre côté
je trouve que, bien qu’il s’agisse d’une interview mise en situation, la
tournure de la parole donne presque une impression réelle. Et finalement il est
intéressant d’analyser les fautes qu’ils mettent dans la bouche de Hugo Rüesch.
Typologie
Il s’agit d’une interview argumentative, parce que l’intervieweur
ne semble apparemment pas partager le point de vue de Hugo Rüesch que celui-ci
essaie donc de défendre au cours de l’interview.
Transcription
Int.: La chambre de commerce et de l’industrie de
Saint Gall –
Appenzell a proposé cette semaine
que les étudiants des
universités et des écoles polytechniques
fédérales assument
seuls les couts que la formation engendre
pour l’état – on en
parle avec vous ce matin, Hugo
Rüesch, bonjour.
H.R.: Bonjour Monsieur [Veillon]
Int.: [Bonjour] Vous êtes le porte-parole de la
chambre de
[commerce]
H.R.: [Oui]
Int.: et de l’industrie de Saint Gall - [Appenzell],
H.R.: [mhm]
Int.: Alors vous nous confirmez cette proposition de
faire passer
les étudiants à la [caisse] ?
H.R.: [Oui], naturellement, huh, ça vous choque ?
Int.: Ben oui, un p’tit peu. Et je pense ehh que
j’suis pas le seul
Dans ce cas.
H.R.: Eh-et pourquoi est-ce que ça vous choque ?
Int.: Mais parce que la formation, c’est un service
publique
H.R.: Oui mais les chemins de fer aussi et pourtant je
[paie]
Int.: [Oui]
H.R.: mon abonnement général première classe, [tout]
Int.: [oui]
H.R.: comme je paie celui de [mes enfant et de mon
épouse]
Int.: [Bon, oui, bon, en l'occurrence], ce que vous payez
ne couvre
pas les frais effectifs des CFF
H.R.: Eh, je suis favorable à un abonnement général
première classe
à 14'000 mille francs, comme ça y
aura moins des pauvres dans
les wagons première classe, je
trouve [les pauvres]
Int.: [Oui]
H.R.: en première classe, ça [m'indispose]
Int.: [D'accord], c'est, c'est pas vraiment le sujet
du jour, hein,
revenons, si vous voulez bien, à
l'éducation.
H.R.: D'accord, alors, si vous voulez pour exemple
apprendre le
Japonais à
la Migrosklubschule
Int.: Mhm.
H.R.: Vous payez ça qu'est-ce que ça coûte, n'est-ce
pas?
Int.: Mhm.
H.R.: Je vois pas, pourquoi ç'serait pas la même chose
pour une
licence en droit ou pour une licence
en psychologie, d'autant
plus pour une licence en psychologie
qui,
Int.: Oui
H.R.: Jusqu'à nouvel avis, sert à rien [dans la
société]
Int.: [Mons- Monsieur] Rüesch, on, on parle de
formations
universitaires,
vous pouvez pas comparer eh avec l'école club
Migros, qui
en plus est en partie subventionnée par le pourcent
culturel
H.R.: Je suis favorable à la suppression du pourcent
culturel
Int.: Je crois qu'on est un p'tit peu en train de
s'égarer, revenons
à la formation universitaire, qui
coute très cher.
H.R.: ça va, ça va, l'université de Saint-Gall ça
coûte 115'000
francs pour une eh formation
complète pour un [étudiant]
Int.: [Mhm, oui, je suis d'accord], que c'est un
montant
inaccessible pour la majorité des
gens.
H.R.: C'est une question de motivation, euh, à titre
personnel, je
Viens d'offrir un MBA à la Harvard-Businessschool
à mon fils
Theofilius
Int.: [Mhm]
H.R.: [Et ça] m'a couté 38'500 dollars pour une année,
je trouve,
c'est correct.
Int.: D'accord, mais tout le monde n'a pas vos moyens
H.R. Monsieur, c'est une question de motivation, moi
je suis me-
motivé, à titre personnel, pour
m'acheter des beaux objets et
acheter des beaux diplômes à mes
[enfants].
Int.: [D'accord], mais y a pas que la motivation, il y
a aussi
l'origine sociale
H.R.: Non
Int.: qui peut [parfois xxx situation]
H.R.: [Monsieur, monsieur] je refuse d'entrer dans
cette théorie
marxiste de origine sociale,
Monsieur, le marxisme ne
fonctionne pas, vous peuvez
constater ça quotidiennement au
Corée du Nord
Int.: Bon
H.R.: Par ailleurs, je dois vous dire, notre
proposition a trois
avantages
Int.: Mhm
H.R.: Primo, ça, eh, ça permet à l'état de faire des
économies
Int.: Mhm
H.R.: Deuxio, ça permet à les jeunes d'être plus
motivés
Int.: Ah, toujours cette fameuse [motivation]
H.R.: Oui
Int.: Oui
H.R.: Si c'est vous, ou vos parents, qui paient, alors
vous sortez
vos doigts du cul, hein? Et puis
vous redoublez pas un année
sur deux, à cause que vous avez
trop bu du la bière ou trop
écouté Iron Maiden, hein?
Int.: Mhm.
H.R.: Enfin, terzio, notre proposition diminuerait
drastiquement le
chômage.
Analyse
Comme déjà annoncé dans la synthèse, une spécialité
des émissions « 120 secondes » est d’imiter et de se moquer d’une
part des différents dialectes de la Suisse romande et d’autre part des Suisse-allemands
parlant le français, comme c'est le cas pour cette interview. Ainsi « Hugo
Rüesch » fait d’un côté des fautes de conjugaison comme par exemple « vous
peuvez» et de l’autre côté des fautes de grammaire comme par exemple « à
cause que vous avez ». Comme ce sont vraiment des fautes qu’on trouve
souvent chez des personnes germanophones et aussi parce que « Hugo Rüesch »
les faits d’une manière très « naturelle » , on a l’impression qu’il
est vraiment quelqu’un qui ne maîtrise pas parfaitement le français.
Recherche
Cette discussion a vraiment été lancée par la chambre
de commerce et de l’industrie de Saint Galle – Appenzell, plus précisément par
le directeur Kurt Weigelt, qui a proposé que les étudiants doivent payer la
somme des coûts entiers de leur formation universitaire. En ce moment, ces coûts
sont partagés entre l’état, les cantons et des privés qui soutiennent l’université
tandis que les étudiants ne payent qu’une partie extrêmement petite. Il a
proposé cette solution à cause de la situation actuelle : le nombre d’étudiants
en Suisse augmente d’année en année et cause des coûts de plus en plus hauts
pour l’état. Même si monsieur Weigelt a proposé que les étudiants doivent payer
leur formation après qu’ils auront terminé leurs études, il est clair que
Vincent Veillon a tout à fait raison quand il dit qu’il s agit là d’un « montant
inaccessible pour la majorité des gens ».
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