lundi 16 décembre 2013

Interview avec Hugo Rüesch - 120 secondes : par Céline H. version révisée


Synthèse
C’est une interview de la série suisse romande « 120 secondes » du novembre 2011, où l’animateur radio Vincent Veillon prétend interviewer le porte-parole de la chambre de commerce et de l’industrie de Saint Gall – Appenzell, qu’ils nomment Hugo Rüesch. Ensemble, ils veulent discuter de la proposition de cette chambre selon laquelle tous les étudiants devraient payer les frais réels de leur formation universitaire. Le but de cette interview est d’amuser les auditeurs - et les spectateurs, puis que les interviews de « 120 secondes » sont toujours aussi filmées. Il ne s’agit donc pas d’une discussion « réelle », sérieuse, où le contenu est la chose la plus importante, mais d’une parodie des gens qui ont fait cette proposition. Pour compléter cette parodie, le comédien qui joue le rôle de Hugo Rüesch s’amuse à intégrer beaucoup de fautes grammaticales et de prononciation pour se moquer des suisse-allemands.
J’ai choisi cette interview, d’un côté parce que je la trouve fort amusante et parce que je pense que le sujet duquel ils discutent est quand même assez intéressant, même s’ils n’en parlent pas très sérieusement, et de l’autre côté je trouve que, bien qu’il s’agisse d’une interview mise en situation, la tournure de la parole donne presque une impression réelle. Et finalement il est intéressant d’analyser les fautes qu’ils mettent dans la bouche de Hugo Rüesch.


Typologie
Il s’agit d’une interview argumentative, parce que l’intervieweur ne semble apparemment pas partager le point de vue de Hugo Rüesch que celui-ci essaie donc de défendre au cours de l’interview.

Transcription
Int.: La chambre de commerce et de l’industrie de Saint Gall –
Appenzell a proposé cette semaine que les étudiants des
universités et des écoles polytechniques fédérales assument
seuls les couts que la formation engendre pour l’état – on en
parle avec vous ce matin, Hugo Rüesch, bonjour.
H.R.: Bonjour Monsieur [Veillon]
Int.: [Bonjour] Vous êtes le porte-parole de la chambre de
[commerce]
H.R.: [Oui]
Int.: et de l’industrie de Saint Gall - [Appenzell],
H.R.: [mhm]
Int.: Alors vous nous confirmez cette proposition de faire passer
les étudiants à la [caisse] ?
H.R.: [Oui], naturellement, huh, ça vous choque ?
Int.: Ben oui, un p’tit peu. Et je pense ehh que j’suis pas le seul
Dans ce cas.
H.R.: Eh-et pourquoi est-ce que ça vous choque ?
Int.: Mais parce que la formation, c’est un service publique
H.R.: Oui mais les chemins de fer aussi et pourtant je [paie]
Int.: [Oui]
H.R.: mon abonnement général première classe, [tout]
Int.: [oui]
H.R.: comme je paie celui de [mes enfant et de mon épouse]
Int.: [Bon, oui, bon, en l'occurrence], ce que vous payez ne couvre
pas les frais effectifs des CFF
H.R.: Eh, je suis favorable à un abonnement général première classe
à 14'000 mille francs, comme ça y aura moins des pauvres dans
les wagons première classe, je trouve [les pauvres]
Int.: [Oui]
H.R.: en première classe, ça [m'indispose]
Int.: [D'accord], c'est, c'est pas vraiment le sujet du jour, hein,
revenons, si vous voulez bien, à l'éducation.
H.R.: D'accord, alors, si vous voulez pour exemple apprendre le
     Japonais à la Migrosklubschule
Int.: Mhm.
H.R.: Vous payez ça qu'est-ce que ça coûte, n'est-ce pas?
Int.: Mhm.
H.R.: Je vois pas, pourquoi ç'serait pas la même chose pour une
licence en droit ou pour une licence en psychologie, d'autant
plus pour une licence en psychologie qui,
Int.: Oui
H.R.: Jusqu'à nouvel avis, sert à rien [dans la société]
Int.: [Mons- Monsieur] Rüesch, on, on parle de formations
     universitaires, vous pouvez pas comparer eh avec l'école club
     Migros, qui en plus est en partie subventionnée par le pourcent
culturel
H.R.: Je suis favorable à la suppression du pourcent culturel
Int.: Je crois qu'on est un p'tit peu en train de s'égarer, revenons
à la formation universitaire, qui coute très cher.
H.R.: ça va, ça va, l'université de Saint-Gall ça coûte 115'000
francs pour une eh formation complète pour un [étudiant]
Int.: [Mhm, oui, je suis d'accord], que c'est un montant
inaccessible pour la majorité des gens.
H.R.: C'est une question de motivation, euh, à titre personnel, je
Viens d'offrir un MBA à la Harvard-Businessschool à mon fils
Theofilius
Int.: [Mhm]
H.R.: [Et ça] m'a couté 38'500 dollars pour une année, je trouve,
c'est correct.
Int.: D'accord, mais tout le monde n'a pas vos moyens
H.R. Monsieur, c'est une question de motivation, moi je suis me-
motivé, à titre personnel, pour m'acheter des beaux objets et
acheter des beaux diplômes à mes [enfants].
Int.: [D'accord], mais y a pas que la motivation, il y a aussi
l'origine sociale
H.R.: Non
Int.: qui peut [parfois xxx situation]
H.R.: [Monsieur, monsieur] je refuse d'entrer dans cette théorie
marxiste de origine sociale, Monsieur, le marxisme ne
fonctionne pas, vous peuvez constater ça quotidiennement au
Corée du Nord
Int.: Bon
H.R.: Par ailleurs, je dois vous dire, notre proposition a trois
avantages
Int.: Mhm
H.R.: Primo, ça, eh, ça permet à l'état de faire des économies
Int.: Mhm
H.R.: Deuxio, ça permet à les jeunes d'être plus motivés
Int.: Ah, toujours cette fameuse [motivation]
H.R.: Oui
Int.: Oui
H.R.: Si c'est vous, ou vos parents, qui paient, alors vous sortez
vos doigts du cul, hein? Et puis vous redoublez pas un année
sur deux, à cause que vous avez trop bu du la bière ou trop
écouté Iron Maiden, hein?
Int.: Mhm.
H.R.: Enfin, terzio, notre proposition diminuerait drastiquement le
chômage.

Analyse
Comme déjà annoncé dans la synthèse, une spécialité des émissions « 120 secondes » est d’imiter et de se moquer d’une part des différents dialectes de la Suisse romande et d’autre part des Suisse-allemands parlant le français, comme c'est le cas pour cette interview. Ainsi « Hugo Rüesch » fait d’un côté des fautes de conjugaison comme par exemple « vous peuvez» et de l’autre côté des fautes de grammaire comme par exemple « à cause que vous avez ». Comme ce sont vraiment des fautes qu’on trouve souvent chez des personnes germanophones et aussi parce que « Hugo Rüesch » les faits d’une manière très « naturelle » , on a l’impression qu’il est vraiment quelqu’un qui ne maîtrise pas parfaitement le français.

Recherche
Cette discussion a vraiment été lancée par la chambre de commerce et de l’industrie de Saint Galle – Appenzell, plus précisément par le directeur Kurt Weigelt, qui a proposé que les étudiants doivent payer la somme des coûts entiers de leur formation universitaire. En ce moment, ces coûts sont partagés entre l’état, les cantons et des privés qui soutiennent l’université tandis que les étudiants ne payent qu’une partie extrêmement petite. Il a proposé cette solution à cause de la situation actuelle : le nombre d’étudiants en Suisse augmente d’année en année et cause des coûts de plus en plus hauts pour l’état. Même si monsieur Weigelt a proposé que les étudiants doivent payer leur formation après qu’ils auront terminé leurs études, il est clair que Vincent Veillon a tout à fait raison quand il dit qu’il s agit là d’un « montant inaccessible pour la majorité des gens ».

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