samedi 14 décembre 2013

Interview avec Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Le Pen: par Marcelle M.



100 minutes pour convaincre: Le Pen/ Sarkozy sur l'immigration

Source : http://www.youtube.com/watch?v=6VCze_MpKso


Synthèse
Magazine et débat « 100 minutes pour convaincre » dont l'invité phare est le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy. L’interview se passe le 20 novembre 2003 sur le plateau de France 2. Ce dernier est interrogé sur sa politique en matière de sécurité, d'immigration, de laïcité, de pratique religieuse ainsi que sur des questions plus générales. Plusieurs invités, dont Jean-Marie Le Pen, réagissent aux propos du ministre ou l'interpellent sur d'autres questions. L’enjeu de cette émission télévisée est une allusion aux présidentielles de 2007. L’interview porte sur  l'un des thèmes de prédilection de Jean Marie Le Pen, le racisme "anti Français" et sur la suppression du droit du sol, celui-ci joue toujours sur la peur de l'invasion et finit par traiter Sarkozy de "fils à papa", Sarkozy lui répond "on n'est pas du même monde. Le problème qui se pose est : comment discuter sur l’immigration avec un ministre lui-même issue de parents immigrés et un politicien jugé « raciste » ?
J’ai choisi cette interview parce que Nicolas Sarkozy tout comme Jean-Marie Le Pen ont tous les deux une mauvaise réputation et le fait de les interviewer ensemble a selon moi pour but de divertir et de montrer deux adversaires de taille se battre au moyen du langage.


  

Typologie
 Il s’agit d’une interview argumentative : L’invité du plateau est Jean-Marie Le Pen, président du Front National. Ce dernier attaque la politique du ministre en matière d'insécurité, d'immigration, de loi sur la double peine. Leur débat est également passionné et donne lieu à plusieurs petites phrases piquantes (Jean-Marie Le Pen taxé d'homme "du passé", de "Mathusalem"...).


Transcription
[1:31 min]
J : journaliste (Olivier Mazerolle)
S : Nicolas Sarkozy 
P : Jean-Marie Le Pen
Transcription à partir de 1:28 -2:42

S : Dans ce que j’ai fait voter au parlement quelle est la mesure qui manque ? Qu’est-ce qu’il faut pour être efficace ?
J : [La mesure qui manque ?]
S :[Et qu’est-ce que vous feriez-vous ? Une nouvelle ligne Marginot1 ?]
J : [alors rapidement, rapidement]
P : [Non !]
S : Ah, bon !
P : Une réforme du code de la nationalité qui supprime ce droit du sol par lequel vous croyez [être devenu français]. (pointe S du doigt)
S : [Mais non !] (sourit)
P : Alors que vous êtes devenu Français par le droit du sang. C’est-à-dire par votre maman.
S : [Je vais vous donnez]
P : [Vous ne saviez même pas cela comme avocat et comme ministre] 
S : [Non ! Monsieur]
P : [Mais en fin ceci n’a pas d’importance pour vous.]
S : [Si, si, si! Je vais vous donnez une autre information…qui est très grave pour vous]. Parce que non seulement j’avais un père qui était étranger quand je suis né, (…) mais le père de ma mère (…) était étranger lui-même…
P : Haaaahhh
S : Est-ce que ça suffit pour avoir le droit du sang Mr. Le Pen ? C’est pour ça que le droit du sang, c’est une bêtise. Parce que [le droit du sang ne peut pas être]
P : [Haaaahh, c’est une bêtise !] (ébahie)
S : suffisant. Il faut le droit du sol, je vais vous l’expliquer pourquoi. Parce que [il y a toujours quelqu’un]
P : [Non ! Mais je, je, je]
S : qui a une idée folle dans la tête ! Parce qu’on a toujours un sang qui est pas suffisamment pur.
P : [oui, oui, mais parce que non, non ! Mais ne nous refaites pas encore]
S : [Faut combien de parents pour être français ?]
P : [Ne nous refaites pas cette antienne !!!]
S : [Le droit du sol… !]
P : [C’est toujours la même chose !!!]
S : [Mais ça vous gêne, mais parce que, non, non Mr. Le Pen…]
P : [C’est toujours la même histoire !!...]
J : [Alors…attendez, il va falloir qu’on arrête…] (rit)
S : Parce que le droit du sang, il y’a toujours quelqu’un qui pense avoir jusqu’à où ça doit [remonter…]
J : [Bon!] Est-ce c’est les parents ? Est-ce que c'est les parents ? Est-ce que c’est les grands-parents ?
P : [Non…]



Analyses

Analyse I
Les invités de cette interview sont connus pour leur vivacité de langue et d’esprit. Le début de la conversation marque le ton sur lequel la discussion va se dérouler. Les coupures de paroles sont toutes d’abord effectués par Le Pen mais Sarkozy arrive à s’imposer

Analyse II
Une autre tactique est de ridiculiser l’adversaire en sorte que celui-ci ne soit plus pris au sérieux par les spectateurs, comme dans le cas de Jean-Marie Le Pen à qui son tempérament explosif fait subir un préjudice.


Explications, recherches, interprétations
Interprétation/… I
Les débats politiques sont presque toujours polémiques car le spectateur est conscient de l’inefficacité des politiciens et surtout quand il s’agit d’élections présidentielles. Les électeurs remplacent un mal par un autre. Avant de le faire, ils ont le droit de se faire divertir par leur candidat: Dans le cas de Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Le Pen on note avec quelle lassitude le premier entre dans ce duel. On comprend très vite que ce n’est pas la première fois que les deux s’affrontent. Pendant que l’ancien ministre de l’intérieur reste calme et pour la plupart du temps laisse son interlocuteur parler, Le Pen lui est plutôt irascible et personnel. Il rend Nicolas Sarkozy directement responsable du nombre d’immigrés en France. Est-ce qu'un homme à lui tout seul, dans un pays dit démocratique, peut décider de fermer les frontières et de ne laisser entrer aucune personne? Jean-Marie Le Pen sait très bien que le ministre fait des propositions et c’est au parlement d'en décider. Raison de plus d’affirmer qu’il ne s’agit que de distraction audio-visuelle.
Les deux tempéraments se sont confrontés. Mais l'avantage avait été en faveur de l’ancien ministre de l’intérieur.
Interprétation/… II
Quelle autre intérêt y avait-il à inviter Jean-Marie Le Pen qui lui aussi est un politicien de droite comme Nicolas Sarkozy? Cette question s’associe directement à la raison pour laquelle j’ai choisi cet extrait. Certes Le Pen est plus à droite que Sarkozy mais cela n’est pas selon moi une raison assez suffisante pour les réunir afin de parler d’immigration. L’ancien président du FN (Front National) a une réputation de « raciste » et son interlocuteur n’est nul autre qu’un étranger à la fois devenu français et ministre de l’intérieur. Cette interview rend la droite extrémiste de Le Pen ridicule, car il perd son sang-froid face une personne représentant un groupe de personnes qu’il n’aimerait plus voir en France. Ce qui laisse à penser que c’est une interview purement stratégique. Le Pen n’est plus qu’un Bouffon qui amuse les médias et dont la politique n’intéresse plus bons nombres d’électeurs. Les thèmes abordés par le FN ont beau sensibiliser le peuple français, les élections présidentielles sont toujours remportées par d’autres partis politiques moins – extrêmes.


1) La ligne Maginot, du nom du ministre de la guerre André Maginot, est une ligne de fortifications construite par la France le long de ses frontières avec la Belgique, le Luxembourg, l'Allemagne, la Suisse et l'Italie de 1928 à 1940.
Avec le temps, l'expression « ligne Maginot » est devenue synonyme d'une défense qu'on croit inviolable, mais qui se révèle totalement inutile.








































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