100 minutes pour convaincre: Le Pen/ Sarkozy sur l'immigration
Source : http://www.youtube.com/watch?v=6VCze_MpKso
Synthèse
Magazine et débat « 100 minutes pour
convaincre » dont l'invité phare est le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy.
L’interview se passe le 20 novembre 2003 sur le plateau de France 2. Ce dernier est interrogé sur sa
politique en matière de sécurité, d'immigration, de laïcité, de pratique
religieuse ainsi que sur des questions plus générales. Plusieurs invités, dont Jean-Marie
Le Pen, réagissent aux propos du ministre ou l'interpellent sur d'autres questions.
L’enjeu de cette émission télévisée est une allusion aux présidentielles de
2007. L’interview porte sur l'un des
thèmes de prédilection de Jean Marie Le Pen, le racisme "anti
Français" et sur la suppression du droit du sol, celui-ci joue toujours
sur la peur de l'invasion et finit par traiter Sarkozy de "fils à
papa", Sarkozy lui répond "on n'est pas du même monde. Le problème qui
se pose est : comment discuter sur l’immigration avec un ministre lui-même
issue de parents immigrés et un politicien jugé « raciste » ?
J’ai choisi cette interview parce que Nicolas
Sarkozy tout comme Jean-Marie Le Pen ont tous les deux une mauvaise réputation
et le fait de les interviewer ensemble a selon moi pour but de
divertir et de montrer deux adversaires de taille se battre au moyen du langage.
Typologie
Il s’agit
d’une interview argumentative : L’invité du plateau est Jean-Marie Le Pen, président
du Front National. Ce dernier attaque la politique du ministre en matière
d'insécurité, d'immigration, de loi sur la double peine. Leur débat est
également passionné et donne lieu à plusieurs petites phrases piquantes (Jean-Marie Le
Pen taxé d'homme "du passé", de "Mathusalem"...).
Transcription
[1:31 min]
J : journaliste (Olivier Mazerolle)
S : Nicolas Sarkozy
P : Jean-Marie Le Pen
Transcription à partir de 1:28 -2:42
S : Dans ce que j’ai fait voter au parlement
quelle est la mesure qui manque ? Qu’est-ce qu’il faut pour être
efficace ?
J : [La mesure qui manque ?]
S :[Et qu’est-ce que vous feriez-vous ? Une
nouvelle ligne Marginot1 ?]
J : [alors rapidement, rapidement]
P : [Non !]
S : Ah, bon !
P : Une réforme du code de la nationalité qui
supprime ce droit du sol par lequel vous croyez [être devenu français]. (pointe S du doigt)
S : [Mais non !] (sourit)
P : Alors que vous êtes devenu Français par le
droit du sang. C’est-à-dire par votre maman.
S : [Je vais vous donnez]
P : [Vous ne saviez même pas cela comme avocat et
comme ministre]
S : [Non ! Monsieur]
P : [Mais en fin ceci n’a pas d’importance pour
vous.]
S : [Si, si, si! Je vais vous donnez une autre
information…qui est très grave pour vous]. Parce que non seulement j’avais
un père qui était étranger quand je suis né, (…) mais le père de ma mère (…)
était étranger lui-même…
P : Haaaahhh
S : Est-ce que ça suffit pour avoir le droit du
sang Mr. Le Pen ? C’est pour ça que le droit du sang, c’est une bêtise.
Parce que [le droit du sang ne peut pas être]
P : [Haaaahh, c’est une bêtise !] (ébahie)
S : suffisant. Il faut le droit du sol, je vais
vous l’expliquer pourquoi. Parce que [il y a toujours quelqu’un]
P : [Non ! Mais je, je, je]
S : qui a une idée folle dans la tête !
Parce qu’on a toujours un sang qui est pas suffisamment pur.
P : [oui, oui, mais parce que non, non !
Mais ne nous refaites pas encore]
S : [Faut combien de parents pour être
français ?]
P : [Ne nous refaites pas cette antienne !!!]
S : [Le droit du sol… !]
P : [C’est toujours la même chose !!!]
S : [Mais ça vous gêne, mais parce que, non, non
Mr. Le Pen…]
P : [C’est toujours la même histoire !!...]
J : [Alors…attendez, il va falloir qu’on arrête…]
(rit)
S : Parce que le droit du sang, il y’a toujours
quelqu’un qui pense avoir jusqu’à où ça doit [remonter…]
J : [Bon!] Est-ce c’est les parents ? Est-ce
que c'est les parents ? Est-ce que c’est les grands-parents ?
P : [Non…]
Analyse I
Les invités
de cette interview sont connus pour leur vivacité de langue et d’esprit. Le
début de la conversation marque le ton sur lequel la discussion va se dérouler.
Les coupures de paroles sont toutes d’abord effectués par Le Pen mais Sarkozy
arrive à s’imposer
Analyse II
Une
autre tactique est de ridiculiser l’adversaire en sorte que celui-ci ne
soit plus pris au sérieux par les spectateurs, comme dans le cas de Jean-Marie
Le Pen à qui son tempérament explosif fait subir un préjudice.
Explications, recherches, interprétations
Interprétation/… I
Les débats
politiques sont presque toujours polémiques car le spectateur est
conscient de l’inefficacité des politiciens et surtout quand il s’agit d’élections
présidentielles. Les électeurs remplacent un mal par un autre. Avant de le
faire, ils ont le droit de se faire divertir par leur candidat: Dans le cas de
Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Le Pen on note avec quelle lassitude le premier
entre dans ce duel. On comprend très vite que ce n’est pas la première fois que
les deux s’affrontent. Pendant que l’ancien ministre de l’intérieur reste calme
et pour la plupart du temps laisse son interlocuteur parler, Le Pen lui est
plutôt irascible et personnel. Il rend Nicolas Sarkozy directement responsable
du nombre d’immigrés en France. Est-ce qu'un homme à lui tout seul, dans un pays dit
démocratique, peut décider de fermer les frontières et de ne laisser entrer aucune
personne? Jean-Marie Le Pen sait très bien que le ministre fait des
propositions et c’est au parlement d'en décider. Raison de plus d’affirmer qu’il
ne s’agit que de distraction audio-visuelle.
Les deux tempéraments se sont
confrontés. Mais l'avantage avait été en faveur de l’ancien ministre de
l’intérieur.
Interprétation/…
II
Quelle autre intérêt y avait-il à inviter
Jean-Marie Le Pen qui lui aussi est un politicien de droite comme Nicolas
Sarkozy? Cette question s’associe directement à la raison pour laquelle j’ai
choisi cet extrait. Certes Le Pen est plus à droite que Sarkozy mais cela n’est
pas selon moi une raison assez suffisante pour les réunir afin de parler d’immigration.
L’ancien président du FN (Front National) a une réputation de « raciste »
et son interlocuteur n’est nul autre qu’un étranger à la fois devenu français et ministre de l’intérieur. Cette interview rend la droite extrémiste
de Le Pen ridicule, car il perd son sang-froid face une personne représentant
un groupe de personnes qu’il n’aimerait plus voir en France. Ce qui laisse à
penser que c’est une interview purement stratégique. Le Pen n’est plus qu’un
Bouffon qui amuse les médias et dont la politique n’intéresse plus bons nombres
d’électeurs. Les thèmes abordés par le FN ont beau sensibiliser le peuple français, les élections présidentielles sont toujours remportées par d’autres partis
politiques moins – extrêmes.
1) La ligne Maginot, du nom du ministre
de la guerre André Maginot, est une ligne de fortifications construite par la France
le long de ses frontières avec la Belgique, le Luxembourg, l'Allemagne, la Suisse
et l'Italie de 1928 à 1940.
Avec le temps, l'expression
« ligne Maginot » est devenue synonyme
d'une défense qu'on croit inviolable, mais qui se révèle totalement inutile.
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