« Pardonnez-moi » - Transcription
d’une interview avec Stéphane Hessel
Synthèse
L’interview a
été faite dans le cadre de l’émission « Pardonnez-moi » le 8 janvier
2012 et, donc, environ un mois avant la mort de Stéphane Hessel.
L’intervieweur
s’appelle Darius Rochebin, il s’entretient avec Stéphane Hessel et sa femme
Christiane.
Où : Sur un
plateau de la Radio Télévision Suisse francophone RTS
Pourquoi ?
Darius Rochebin reçoit chaque semaine une personnalité suisse ou étrangère,
dont surtout des politiciens, chanteurs/chanteuses ou des acteurs/ actrices.
Quel en en est
la thématique ? Stéphane Hessel et sa femme Christiane, auteure, sont interviewés sur leurs vies
bouleversantes qui étaient/sont façonnées par leur engagement pour la justice
comme les droits de l’homme, la démocratie etc.
J’ai choisi cette interview parce que Stéphane Hessel
était un des grands intellectuels français. Sa biographie m’a toujours
impressionnée et son engagement politique pour la paix dans le monde est un
très bon exemple, car même dans ses dernières années, il n’a pas cessé de
« s’indigner » contre l’injustice et de prendre des positions, qui,
parfois, reflétaient des vérités désagréables.
I :
Interviewer C : Christiane Hessel S: Stéphane Hessel
Transcription
I : Christiane Hessel,
Stéphane Hessel, bonjour.
S, C. : Bonjour
I : Stéphane Hessel, on ne vous présente plus,
vous êtes la figure de l’indignation en Europe et au-delà. Euh, Christiane
Hessel, on vous présente encore [mais vous] n’êtes
pas seulement l’épouse de, vous êtes auteur de « Gaza, j’écris ton
nom », on va en parler, parler de votre couple, de cet engagement, de cet
aventure extraordinaire qui vous arrive depuis la publication d’ « Indignez-vous »,
combien d’exemplaires, Stéphane Hessel ?
C : [*rire*oui]
S : Maintenant on est à trois millions en langue
française mais euh on est dans un ou deux millions dans 40 autres langues.
I : Quarante traductions! C’est gigantesque, [hein ?
Euh], qui échappe encore au phénomène « Indignez-vous »
S : [Oui Euh], La Chine, c’est
tout juste, La Corée du Sud, ça y est,
la Pologne, ça y est, l’Australie ça y est, mais euh bien sûr bon il y a encore
des pays, Israël, j’aurais bien voulu que ça soit publié en hébreu.
I : Les Etats Unis. Même aux Etats-Unis, même à
Wall Street quand vous avez vu débarquer
ça aux Etats-Unis, Christiane Hessel, j’imagine que ça vous a surpris
vous-mêmes n[on ]?
C :
[Ah,] nous, euh, nous avons une vie bouleversée,
[xxx*rire*]
I :
Le, le temps, je passe avec une vitesse j’imagine
inouï, vous êtes demandé partout, hein ? Vous avez un agenda hein,
incroyable. [xxx] toujours
pas de téléphone portable ?
C. Non. [Ni d’in]ternet. [xx] Ni d’internet on est
résistant. [*rire*]
I : [Non,
c’est la résistance ça ne vous] ça ne vous empêche pas d’avoir un emploi de temps
inouï, vous êtes demandés dans les quatre coins du monde, y compris ici en
Suisse, vous avez rencontrés les Indignés [euh], Stéphane
Hessel, c’était comment ?
S : [voilà]ça a
été très sympathique, ce sont des
jeunes, et des jeunes engagés dans une indignation pacifique, heureusement très
pacifique et ils disent qu’ils soutiennent l’esprit de Genève, ce qui m’est
très proche, j’ai vécu à Genève quatre années importantes comme représentant de
la France au (prédestination de Juni), l’esprit de Genève c’est un esprit de
liberté et de générosité et c’est ce que ces indignés défendent.
I : Vous avez nonante-quatre ans, [euh e on on
euh] vingt quarte ans, vingt-deux ans, parfois moins, parfois plus
aussi. [
S : [oui]
C : [Il] y a quelque vieux aussi [*rire*]
I :
& Oui,
il y a tous] les âges, absolument, euh, c’est ce brassage de génération,
ça doit être assez impressionnant.
C : C’est intéressant, c’est intéressant. Et moi
j’ai eu le privilège d’un baisemain hier soir par euh celui qui est le
principal animateur des indignés, alors quand même
I :
L’indignation n’empêche pas la
courtoisie [la ga]lanterie
C :
[Abso]lument,
absolument, ils ont, ils ont ont été très gentils, je veux dire, ils nous ont
très gentiment accueillis [mê]me avec du
chocolat.
I :
[Et], et l’amour ? Puisque
votre histoire a débuté jeune, vous vous connaissez depuis combien de
temps ?
S : Depuis
soixante-cinq [ans.xxx]
I :
[ouais c’est] assez chic de dire qu’on se
connait plus que soixante-cinq ans,
c’est [plus] chic de dire que depuis la semaine
dernière.
C : [*rire*]
S :
Bien, voilA, mais je (naivais) pour nous
de lieu, nous nous sommes connus, nous sommes rencontrés, nous nous retrouvons et
pour MOI ce qui m’a particulièrement plu dans l’attitude de ces indignés, c’est
leur côté paisible, pacifique et modéré. J’ai toujours un peu peur que le mot
« Indignez-vous » qui est un mot provoquant suscite de la violence. C’est le contraire de
ce que je souhaite.
I :
ça n’est pas de la rage dans votre
esprit, n’est-ce [pas] ?
S :
[n]on C’est de la reconnaissance qu’il y a
des choses inadmissibles contre lesquelles il faut protester et contre lesqu’
il faut cONtester mais pas contester en jetant des cailloux, mais contester en
se défendant contre toute récupération par des gens qui essayent de vous faire croire
que ces valeurs qu’on défend ne sont plus les valeurs d’aujourd’hui.
I :
On va évoquer votre parcours
extraordinaire. Naissance à Berlin en 1917 euh l’arrestation par la Gestapo en
44, la déportation, la torture, euh, la résistance sous sous différentes formes
euh vous saviez, Christiane Hessel, que vous épousiez quelqu’un d’hors-norme,
j’imagine
C :
Oui,
j’ai toujours su toujours que Stéphane était quelqu’un de hors-norme, je l’ai
connu quand même après la guerre après son épopée dans les camps de
concentration, donc je savais que c’était quelqu’un d’exceptionnel, mais évidemment
je ne m’imaginais pas le tourbillon dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui.
[xxx] = mots incompréhensibles
Analyse I
Il est assez
intéressant que Stéphane Hessel arrête tellement vite de parler de l’amour
entre lui et sa femme. Il semble vouloir aborder exclusivement les sujets de la
politique et de « l’indignation ».
Analyse II
Quand
l’interviewer dit : « Le, le temps, je passe avec une
vitesse j’imagine inouï, vous êtes demandé partout, hein ? Vous avez un
agenda hein, incroyable. », il
semble avoir voulu dire
« Le, le temps, il passe
avec une vitesse j’imagine inouï, vous êtes demandé partout, hein ? Vous
avez un agenda hein, incroyable »
Le lien entre
les phrases reste quand même un mystère.
Explication et recherche
Explication:
Quand Stéphane
Hessel dit : « […] bon il y a encore des pays, Israël, j’aurais bien
voulu que ça soit publié en hébreu. », il fait allusion à sa position en
faveur de la Palestine. Il défend les droits de l’homme et s’oppose au fait que
certains Sionistes maltraitent les Palestiniens. Il fait appel à une
indignation collective qui vise à faire cesser des conflits en trouvant des
solutions pour une paix durable. Malheureusement, il est assez exceptionnel
qu’une personne publique prenne position contre le fonctionnement de l’état d’Israël,
parce que souvent on met l’antisémitisme et l’antisionisme dans le même sac. Il
faut donc mentionner que la liberté avec laquelle Stéphane Hessel prend
position est aussi soutenu par son expérience de guerre et au fait qu’il a
lui-même été dans les champs de concentration – ainsi il risque moins d’être
accusé comme antisémite.
Recherche :
Deux extraits
tirés de son œuvre « Indignez-vous ». Stéphane Hessel sur « la
pire des attitudes »…:
«C’est vrai que les raisons de s’indigner peuvent
paraître aujourd’hui moins nettes ou le monde trop complexe. […] Mais dans ce
monde, il y a des choses insupportables. Pour le voir, il faut bien regarder,
bien chercher. Je dis aux jeunes: cherchez un peu, vous allez trouver. La pire
des attitudes est l’indifférence, dire "je n’y peux rien, je me
débrouille". En vous comportant ainsi, vous perdez l’un des composantes essentielles
qui fait l’humain. Une des composantes indispensables: la faculté d’indignation
et l’engagement qui en est la conséquence.»
…et sur la
non-violence :
«Je suis convaincu
que l'avenir appartient à la non-violence, à la conciliation des cultures
différentes. Il faut comprendre que la violence tourne le dos à l’espoir.
Il faut lui préférer l’espérance, l’espérance de la non-violence. C’est le
chemin que nous devons apprendre à suivre. Aussi bien du côté des oppresseurs
que des opprimés, il faut arriver à une négociation pour faire disparaître
l’oppression; c’est ce qui permettra de ne plus avoir de violence terroriste.
C’est pourquoi il ne faut pas laisser s’accumuler trop de haine.»
source : http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20130227.OBS0190/indignez-vous-extraits-choisis.html
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