mercredi 11 décembre 2013

Transcription de l'interview de Stéphane et Christiane Hessel version révisée



« Pardonnez-moi » - Transcription d’une interview avec Stéphane Hessel
Synthèse
L’interview a été faite dans le cadre de l’émission « Pardonnez-moi » le 8 janvier 2012 et, donc, environ un mois avant la mort de Stéphane Hessel.
L’intervieweur s’appelle Darius Rochebin, il s’entretient avec Stéphane Hessel et sa femme Christiane.
Où : Sur un plateau de la Radio Télévision Suisse francophone RTS
Pourquoi ? Darius Rochebin reçoit chaque semaine une personnalité suisse ou étrangère, dont surtout des politiciens, chanteurs/chanteuses ou des acteurs/ actrices.
Quel en en est la thématique ? Stéphane Hessel et sa femme Christiane, auteure,  sont interviewés sur leurs vies bouleversantes qui étaient/sont façonnées par leur engagement pour la justice comme les droits de l’homme, la démocratie etc.

J’ai choisi cette interview parce que Stéphane Hessel était un des grands intellectuels français. Sa biographie m’a toujours impressionnée et son engagement politique pour la paix dans le monde est un très bon exemple, car même dans ses dernières années, il n’a pas cessé de « s’indigner » contre l’injustice et de prendre des positions, qui, parfois, reflétaient des vérités désagréables.
I : Interviewer C : Christiane Hessel  S: Stéphane Hessel

Transcription
I :   Christiane Hessel, Stéphane Hessel, bonjour.
S, C. : Bonjour
I :   Stéphane Hessel, on ne vous présente plus, vous êtes la figure de l’indignation en Europe et au-delà. Euh, Christiane Hessel, on vous présente encore [mais vous] n’êtes pas seulement l’épouse de, vous êtes auteur de « Gaza, j’écris ton nom », on va en parler, parler de votre couple, de cet engagement, de cet aventure extraordinaire qui vous arrive depuis la publication d’ « Indignez-vous », combien d’exemplaires, Stéphane Hessel ?
C :   [*rire*oui]
S :   Maintenant on est à trois millions en langue française mais euh on est dans un ou deux millions dans 40 autres langues.
I :   Quarante traductions! C’est gigantesque, [hein ? Euh], qui échappe encore au phénomène « Indignez-vous »
S :   [Oui Euh], La Chine, c’est tout juste,  La Corée du Sud, ça y est, la Pologne, ça y est, l’Australie ça y est, mais euh bien sûr bon il y a encore des pays, Israël, j’aurais bien voulu que ça soit publié en hébreu. 
I :   Les Etats Unis. Même aux Etats-Unis, même à Wall Street quand vous avez vu  débarquer ça aux Etats-Unis, Christiane Hessel, j’imagine que ça vous a surpris vous-mêmes n[on ]? 
C :   [Ah,] nous, euh, nous avons une vie bouleversée, [xxx*rire*]
I :   Le, le temps, je passe avec une vitesse j’imagine inouï, vous êtes demandé partout, hein ? Vous avez un agenda hein, incroyable. [xxx] toujours pas de téléphone portable ?
C.    Non. [Ni d’in]ternet. [xx] Ni d’internet on est résistant.             [*rire*]
I :   [Non, c’est la résistance ça ne vous] ça  ne vous empêche pas d’avoir un emploi de temps inouï, vous êtes demandés dans les quatre coins du monde, y compris ici en Suisse, vous avez rencontrés les Indignés [euh], Stéphane Hessel, c’était comment ?
S :   [voilà]ça a été très  sympathique, ce sont des jeunes, et des jeunes engagés dans une indignation pacifique, heureusement très pacifique et ils disent qu’ils soutiennent l’esprit de Genève, ce qui m’est très proche, j’ai vécu à Genève quatre années importantes comme représentant de la France au (prédestination de Juni), l’esprit de Genève c’est un esprit de liberté et de générosité et c’est ce que ces indignés défendent.
I :   Vous avez nonante-quatre ans, [euh e on on euh] vingt quarte ans, vingt-deux ans, parfois moins, parfois plus aussi. [
S :   [oui]
C :   [Il] y a quelque vieux aussi [*rire*]
I :   & Oui, il y a tous] les âges, absolument, euh, c’est ce brassage de génération, ça doit être assez impressionnant.
C :   C’est intéressant, c’est intéressant. Et moi j’ai eu le privilège d’un baisemain hier soir par euh celui qui est le principal animateur des indignés, alors quand même
I :   L’indignation n’empêche pas la courtoisie [la ga]lanterie
C :   [Abso]lument, absolument, ils ont, ils ont ont été très gentils, je veux dire, ils nous ont très gentiment accueillis [mê]me avec du chocolat.
I :   [Et], et l’amour ? Puisque votre histoire a débuté jeune, vous vous connaissez depuis combien de temps ?
S :   Depuis soixante-cinq [ans.xxx]
I :   [ouais c’est] assez chic de dire qu’on se connait  plus que soixante-cinq ans, c’est [plus] chic de dire que depuis la semaine dernière.
C :   [*rire*]
S :   Bien, voilA, mais je (naivais) pour nous de lieu, nous nous sommes connus, nous sommes rencontrés, nous nous retrouvons et pour MOI ce qui m’a particulièrement plu dans l’attitude de ces indignés, c’est leur côté paisible, pacifique et modéré. J’ai toujours un peu peur que le mot « Indignez-vous » qui est un mot provoquant  suscite de la violence. C’est le contraire de ce que je souhaite.
I :   ça n’est pas de la rage dans votre esprit, n’est-ce [pas] ?
S :   [n]on C’est de la reconnaissance qu’il y a des choses inadmissibles contre lesquelles il faut protester et contre lesqu’ il faut cONtester mais pas contester en jetant des cailloux, mais contester en se défendant contre toute récupération par des gens qui essayent de vous faire croire que ces valeurs qu’on défend ne sont plus les valeurs d’aujourd’hui.
I :   On va évoquer votre parcours extraordinaire. Naissance à Berlin en 1917 euh l’arrestation par la Gestapo en 44, la déportation, la torture, euh, la résistance sous sous différentes formes euh vous saviez, Christiane Hessel, que vous épousiez quelqu’un d’hors-norme, j’imagine
C :   Oui, j’ai toujours su toujours que Stéphane était quelqu’un de hors-norme, je l’ai connu quand même après la guerre après son épopée dans les camps de concentration, donc je savais que c’était quelqu’un d’exceptionnel, mais évidemment je ne m’imaginais pas le tourbillon dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui.

[xxx] = mots incompréhensibles

Analyse I
Il est assez intéressant que Stéphane Hessel arrête tellement vite de parler de l’amour entre lui et sa femme. Il semble vouloir aborder exclusivement les sujets de la politique et de « l’indignation ».
Analyse II
Quand l’interviewer dit : « Le, le temps, je passe avec une vitesse j’imagine inouï, vous êtes demandé partout, hein ? Vous avez un agenda hein, incroyable. », il semble avoir voulu dire
« Le, le temps, il passe avec une vitesse j’imagine inouï, vous êtes demandé partout, hein ? Vous avez un agenda hein, incroyable »
Le lien entre les phrases reste quand même un mystère.

Explication et recherche
Explication:
Quand Stéphane Hessel dit : « […] bon il y a encore des pays, Israël, j’aurais bien voulu que ça soit publié en hébreu. », il fait allusion à sa position en faveur de la Palestine. Il défend les droits de l’homme et s’oppose au fait que certains Sionistes maltraitent les Palestiniens. Il fait appel à une indignation collective qui vise à faire cesser des conflits en trouvant des solutions pour une paix durable. Malheureusement, il est assez exceptionnel qu’une personne publique prenne position contre le fonctionnement de l’état d’Israël, parce que souvent on met l’antisémitisme et l’antisionisme dans le même sac. Il faut donc mentionner que la liberté avec laquelle Stéphane Hessel prend position est aussi soutenu par son expérience de guerre et au fait qu’il a lui-même été dans les champs de concentration – ainsi il risque moins d’être accusé comme antisémite.
Recherche :
Deux extraits tirés de son œuvre « Indignez-vous ». Stéphane Hessel sur « la pire des attitudes »…:
«C’est vrai que les raisons de s’indigner peuvent paraître aujourd’hui moins nettes ou le monde trop complexe. […] Mais dans ce monde, il y a des choses insupportables. Pour le voir, il faut bien regarder, bien chercher. Je dis aux jeunes: cherchez un peu, vous allez trouver. La pire des attitudes est l’indifférence, dire "je n’y peux rien, je me débrouille". En vous comportant ainsi, vous perdez l’un des composantes essentielles qui fait l’humain. Une des composantes indispensables: la faculté d’indignation et l’engagement qui en est la conséquence.»
…et sur la non-violence :
 «Je suis convaincu que l'avenir appartient à la non-violence, à la conciliation des cultures différentes. Il faut comprendre que la violence tourne le dos à l’espoir. Il faut lui préférer l’espérance, l’espérance de la non-violence. C’est le chemin que nous devons apprendre à suivre. Aussi bien du côté des oppresseurs que des opprimés, il faut arriver à une négociation pour faire disparaître l’oppression; c’est ce qui permettra de ne plus avoir de violence terroriste. C’est pourquoi il ne faut pas laisser s’accumuler trop de haine.»



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